Wednesday, January 6, 2021

La Loi de Brennus Version Américaine sur le Grand Moyen Orient par Carlo degli Abbati

 LA LOI DE BRENNUS VERSION AMERICAINE SUR LE GRAND MOYEN ORIENT

di Carlo degli Abbati

Les politiques adoptées en Moyen Orient par les derniers présidents des Etats-Unis de Georges W.H. Bush jusqu’ à Donald Trump, avec l’exception éphémère de Barack Obama, prouvent qu’au Moyen Orient il n’y a pas de paix pour les peuples vaincus.

Dans cette vaste macro-région, une fois défini une communauté ou un état comme «rogue state» ( état canaille) et ses organisations de soutien placées dans la liste des organisations terroristes dressée par l’administration des Etats-Unis , aucun état peut s’opposer à l’agressivité américaine. En même temps, dans la même zone, son indéfectible allié, l’état d’Israël, qui à présent n’est plus l’état laïc des israéliens mais il est entretemps devenu depuis 2018 l’état nation du peuple juif – que ses grands leaders socialistes du passé, les David Ben Gurion et les Ytzhak Rabin reposent en paix – peut s’autoriser en toute tranquillité à considérer les règles du droit international et les résolutions de l’ONU , d’après l’opinion que Bismarck avait des traités internationaux, comme de torchons de papier.

Le tout récent Pacte d’Abraham récemment signé sous l’égide de Donald Trump entre l’Etat d’Israël et les royaumes du Golfe, les Emirats Arabes Unis et le Bahrein , auquel ils ont adhéré par la suite Maroc et Sudan ( le vieux monarque de l’Arabie Saoudite hésite encore, malgré les pressions de son fils MbS) a parfaitement sanctionné cet état de chose. Les peuples qui n’entendent pas s’aligner, qui ne se plient pas à ce système de pouvoir: iraniens, palestiniens, kurdes, libanais, yéménites, n’ont plus droit aux privilèges inaliénables de la souveraineté et de l’autodétermination mais seulement à des «concessions» qui définissent leur passage à l’état levantin de «liberti», la condition que la société romaine octroyait aux esclaves libérés.

Après l’élimination à Baghdad le 3 janvier 2020 de Qasem Soleimani, le tout puissant chef de l’aile étrangère des pasdaran iraniens, de facto le ministre de la défense iranien, fin novembre dernier a eu lieu le cinquième assassinat d’un savant nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh-Mahabani, attribué et d’après coutume non démentie par les services secrets israéliens, le Mossad. A présent – janvier 2020- nous assistons à un important déploiement de navires de guerre américains et israéliens positionnés dans le détroit d’Hormuz afin de prévenir tout risque d’une riposte dans le Golfe, à l’échéance du premier anniversaire de la mort de Suleimani.

On peut maintenant attendre l’ innovation que Joe Biden comme nouveau président apportera à la politique des Etats-Unis au Moyen Orient. Mais reste une constatation.

Après la politique de rupture de Barack Obama, de compréhension pour l’évolution des partis islamistes dans un contexte démocratique et sa disponibilité à récupérer l’Iran dans le champ occidental avec le premier pas de la signature de l’accord sur le nucléaire de 2015 signé par l’Iran avec les 5 membres du Conseil de sécurité de l‘ONU plus la UE, le JCPOA 5 +1, avec l’avènement à la présidence de Donald Trump, les Etats-Unis sont revenus au Moyen Orient à leur politique traditionnelle. Un alignement absolu sur la politique d’Israël, état que pour l’histoire ils furent le premier pays à reconnaitre le 14 mai 1948, et de l’Arabie saoudite, grand pays producteur de pétrole avec lequel ils sont liés depuis 1945 par le pacte du Quincy scellé par F.D. Roosevelt, de retour de Yalta et le roi Ibn al-Saoud à bord d’un croiseur mouillant dans les Lacs Amères (Canal de Suez). Ce positionnement américain a conforté et l isolationnisme expansionniste du leader israélien Netanyahou vis-à-vis de territoires reconnus par le droit international comme palestiniens, ainsi que l’idéologie du royaume saoudite se plaçant comme référence indispensable dans le monde de la communauté musulmane sunnite. Quand il est vrai que l’interprétation wahhabite et ses contenus archaïques en particulier en ce qui concerne le rôle des femmes bloque , avec son immense propagande basée sur la force de ses pétrodollars, toute possibilité d’évolution de l’islam mondial et de surcroit forme le terrain de culture pour des formes de salafisme radical violent déviées vers le takfirisme ( l’excommunication) comme celle exprimée récemment par le soi-disant Etat islamique prêt à éliminer même physiquement toute interprétation divergente des valeurs religieuses. Etant d’ailleurs les deux états, pour des raisons différentes, unis par une haine commune contre la république islamique iranienne. En dehors de cet irrésistible courant de fond il reste des pays comprimaires dans la région, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan et la Russie de Vladimir Putin: il peuvent arriser les voiles pendant leur navigation, comme en Syrie, mais le courant de fond reste constant. A présent – mois de janvier- on prévoit en Irak de ultérieures initiatives anti-iraniennes américaines et israéliennes, dirigées contre les milices pro-chi’ites. S’elles continueront aussi après l’investiture de Joe Biden, il sera évident que dans la nouvelle année rien aura changé sous le soleil du Moyen Orient dans la position américaine. Pour la bonne paix du past-past president Barack Obama et de sa théorie de ramener l’Iran à l’époque pro-occidentale du Shahanshah Rehza Pahlavi.

Carlo degli abbati, professeur associé de Politique économique est enseignant de l’histoire des pays musulmans au Dépt.de Lettres et Philosophie de l’Université de Trento est auteur de “Libia, tribù e milizie nel destino libico”, Termanini, Genova, 2021 e “L’Asie centrale. Histoire, économie, permanences”, l’Harmattan, Paris, 2021

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