Thursday, October 24, 2024

France - Syrie - Intervention de M. Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations unies, au Conseil de sécurité (New York, 23/10/2024)

 Nations unies - Syrie - Intervention de M. Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations unies, au Conseil de sécurité (New York, 23/10/2024)


Madame la Présidente,

Je remercie M. Pedersen et Mme Wosornu pour leurs interventions, ainsi que Mmes Haj Ibrahim et Jarbawi pour leurs témoignages. Je tiens aussi à présenter mes condoléances au représentant permanent de la Turquie, après l'attentat terroriste qui a frappé Ankara aujourd'hui.

Les crises à Gaza et au Liban font courir le risque d'un embrasement régional qui pourrait s'étendre à la Syrie. Il faut à tout prix l'éviter. Tous les acteurs doivent faire preuve de retenue et oeuvrer en faveur d'une désescalade. Les populations civiles seraient les premières à payer le prix de l'ouverture d'un nouveau front. Ces tensions s'ajoutent à la poursuite des hostilités en Syrie, avec la recrudescence des actions de Daech, le développement du trafic de captagon et la poursuite des violences du régime et de ses soutiens contre la population. Les bombardements russes des 14-16 octobre sur la population d'Idlib, qui ont fait une dizaine de morts, l'ont montré.

Dans ce moment de crise aigüe au Moyen-Orient, la nécessité d'engager un processus politique crédible, qui réponde aux aspirations des Syriens, reste la seule manière de parvenir à une paix juste et durable. Nous sommes prêts, à la condition de progrès tangibles et vérifiables du processus politique, à entamer la levée des sanctions et à envisager de financer la reconstruction. Dans l'immédiat, nous redisons notre confiance à M. Pedersen pour mettre en oeuvre l'ensemble des aspects de la résolution 2254.

Plus de 400.000 personnes, Syriens et Libanais, ont fui les opérations militaires israéliennes au Liban pour se rendre en Syrie. Il faut leur venir en aide, tout comme aux populations déplacées au Liban et aux réfugiés syriens qui s'y trouvent encore. Nous devons continuer à faire pression sur le régime pour qu'il lève les obstacles au retour des réfugiés. C'est le sens du travail engagé par la France avec le HCR et ses partenaires.

La situation humanitaire continue de se dégrader dans toute la Syrie et 70% de la population se trouve en situation d'urgence. La poursuite des hostilités et le risque d'escalade dans la région ne font qu'accentuer les besoins, dans un contexte où les financements manquent. Nous sommes préoccupés par les conséquences de long terme de treize ans de conflit sur la population civile, en particulier les enfants, affectés par la malnutrition et la détresse psychologique. Nous appelons tous les Etats à se mobiliser pour répondre à l'urgence.

La France rappelle que le droit international humanitaire s'impose à tous les acteurs, partout en Syrie. Elle rappelle le caractère vital de l'acheminement transfrontalier de l'aide, qui permet de secourir 2,4 millions de personnes, en particulier dans le Nord-Ouest. Les efforts pour l'acheminement à travers les lignes de front doivent se poursuivre. Nous appelons le régime à pérenniser les autorisations, sans limite dans le temps, pour Bab el Hawa et les points de passage de Bab El Salam et d'Al Rai, qui arrivent à échéance le 13 novembre.

Je vous remercie./.

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