Monday, August 19, 2024

Proche-Orient - Egypte - Conférence de presse conjointe de M. Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, et M. Badr Abdelatty, ministre des affaires étrangères de la République arabe d'Egypte - Propos de M. Stéphane Séjourné (Le Caire, 17/08/2024)

 Proche-Orient - Egypte - Conférence de presse conjointe de M. Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, et M. Badr Abdelatty, ministre des affaires étrangères de la République arabe d'Egypte - Propos de M. Stéphane Séjourné (Le Caire, 17/08/2024)


Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs, je vous remercie sincèrement, Monsieur le Ministre, de votre accueil chaleureux, ainsi que le Président Sissi qui m'a fait l'honneur d'une audience ce matin. C'est ma quatrième visite au Caire en six mois, preuve que l'Egypte compte pour la France, preuve aussi que l'Egypte compte dans la région. Vous avez fait un compte rendu très complet de notre discussion et de nos enjeux à la fois bilatéraux et régionaux. C'est au Caire une nouvelle fois que se termine ma tournée régionale après Beyrouth, Tel-Aviv et les Territoires palestiniens. À chacune de ces étapes, tout comme vous, j'ai échangé avec mes interlocuteurs sur l'urgence d'un cessez-le-feu pour mettre fin aux souffrances des Gazaouis, pour permettre la libération des otages, dont deux de nos compatriotes sont encore retenus, à Gaza, mais aussi pour apaiser les tensions régionales à l'heure où un embrasement généralisé est possible.

Cette dernière étape en Egypte témoigne de l'importance de notre partenariat, -vous l'avez évoqué de manière très complète - et [de] la centralité de votre pays pour trouver une solution, notamment pour éviter la guerre, au service de la paix et de l'apaisement des tensions régionales.

Je résumerais peut-être, Monsieur le Ministre, mon message en trois points, avec trois messages que j'ai également transmis à l'ensemble des interlocuteurs dans la région lors de mon déplacement.

D'abord, le premier, c'est de saluer les efforts diplomatiques constants depuis le début de la guerre à Gaza pour le déploiement de l'aide humanitaire. Vous l'avez évoqué, avec la France, nous avons tous les deux beaucoup travaillé ensemble pour offrir un soutien humanitaire et médical aux populations à Gaza. Je souhaite que cette coopération puisse se poursuivre. Je souhaite, y compris que dans le jour d'après, nous puissions construire de nouvelles coopérations au service des Gazaouis et renforcer l'aide humanitaire. Mais c'est surtout l'actualité de votre engagement en tant que médiateur aux côtés du Qatar et des Etats-Unis pour parvenir à un cessez-le-feu durable qu'il faut saluer. Je salue tout particulièrement le travail colossal conduit hier et avant-hier à Doha.

Il importe désormais que les parties au conflit accueillent favorablement les propositions qui leur ont été faites et les acceptent, puis qu'elles mettent en oeuvre rapidement un accord de cessez-le-feu.

Vous avez tout le soutien de la France. Je tenais à vous le dire ici pour la semaine qui s'ouvre et pour les prochaines réunions prévues au Caire. Nous avons largement évoqué en détail les enjeux de ces discussions, y compris des enjeux sur le détail des mesures, qui sont nécessaires aujourd'hui, vu la situation. Vous avez aussi le soutien de notre pays, le soutien de la communauté internationale. Et plus largement, nous construirons également un soutien européen, puisque je contacterai également l'ensemble de mes homologues européens pour construire cette position européenne.

Mon deuxième message, Monsieur le Ministre, c'est que nous devons ensemble éviter à tout prix une escalade régionale dont les conséquences seraient dévastatrices pour la région. Nous appelons toutes les parties à la plus grande retenue et à mettre fin à cette logique de représailles dont les civils sont partout les premières victimes. C'est le message que nous passons insatiablement auprès de tous les interlocuteurs de la région. Je réitère ici ce message lors de mon déplacement. Je sais que vous le faites également avec de nombreux interlocuteurs et nos homologues de toute la région.

Le Président de la République en a parlé avec le Président Sissi. Nous sommes convaincus, qu'un cessez-le-feu à Gaza contribuerait largement à faire baisser les tensions régionales. C'est cela, l'enjeu, j'ai envie de dire, de notre moment, du moment que nous vivons : faire baisser les tensions pour, justement, éviter la guerre.

Mon troisième et dernier message est qu'il faut d'urgence avancer vers la solution à deux Etats en Israël et en Palestine, fondée sur les lignes de 1967. Je crois que nous partageons cette conviction. Nous en avons longuement parlé. C'est la seule solution qui vaille, la seule qui puisse apporter la paix et la sécurité aux Israéliens et aux Palestiniens. La France et l'Egypte ont eu une vue convergente sur cette question. Je veux que nous continuions à travailler et que nous soyons d'ailleurs ensemble impliqués sur la solution à deux Etats, dès maintenant et dans les mois qui viennent. Je vous le dis également, la France prendra ses responsabilités pour renforcer cette solution à deux Etats en Europe, mais également au Conseil de sécurité des Nations unies. Alors après ces mots et après ces trois messages, je voudrais vous remercier. Vous pouvez compter sur l'engagement de mon pays, à appuyer les efforts diplomatiques, et également les efforts pour parvenir à une solution politique durable au service de la paix au Proche-Orient. Je vous remercie.

Q (traduite de l'arabe) - Monsieur le Ministre, je pense que toutes les dimensions d'un génocide sont réunies au milieu d'un soutien occidental, qui malheureusement perdure jusqu'à présent, y compris à travers la fourniture d'armes. En parallèle, des discussions sur les efforts internationaux déployés pour éviter une guerre régionale sont relayées. Quel est votre commentaire sur ce point ?

R - Merci, j'en ai évidemment parlé avec le Ministre. Vous savez que la France a été un des premiers pays à pousser des sanctions contre les colons violents qui menacent aujourd'hui la paix au Proche-Orient et dans la région. Tout acte de violence, aujourd'hui, qui est une provocation, était déjà inacceptable il y a quelques semaines, mais est d'autant plus inacceptable aujourd'hui, alors que les enjeux sont énormes. Je veux le redire ici, ma condamnation est totale pour toute provocation, qu'elle soit politique, sécuritaire en Cisjordanie ou ailleurs en Orient et notamment à Gaza. Sur la situation humanitaire, depuis le début, on a été l'un des premiers pays à envoyer de l'aide humanitaire, à coopérer avec les Jordaniens et les Egyptiens. C'est comme cela que nous sommes utiles aussi dans cette région. Ma présence ici, la tournée du ministre des Affaires étrangères français est aussi la preuve que nous avons conscience de cette situation.

Q - Bonjour, Alice Moreno, RFI. Ma question s'adresse à M. le ministre Séjourné, et en fait elle rejoint un peu la question de mon confrère qui est assis devant moi qui rappelait que l'Occident armait Israël. Selon des médias d'investigation français, documents à l'appui, des composants d'armement ont bien été exportés ces derniers mois depuis la France vers Israël. Vous et vos prédécesseurs avez effectué de très nombreuses tournées diplomatiques au Moyen-Orient ces derniers mois. Est-ce que la voie diplomatique et les efforts diplomatiques que vous portez sont conciliables avec le fait d'aider potentiellement l'une des parties au conflit à s'armer ?

R - D'abord vous dire que l'objectif partagé des tournées régionales que vous avez évoqué est d'éviter à tout prix - et cela a été bien rappelé par le Ministre "à tout prix" - l'escalade régionale. L'un des instruments aujourd'hui pour éviter cette escalade régionale, c'est le cessez-le-feu. Il y a un consensus entre nous. L'objectif de nos déplacements diplomatiques, des messages que nous passons, des pressions que nous exerçons est d'obtenir ce cessez-le-feu dans le cadre de cet objectif diplomatique.

Pour revenir sur les éléments que vous évoquez, j'ai communiqué en totale transparence à la représentation nationale l'ensemble des points que vous évoquez ; des éléments ou des composants éventuels ont été transmis, notamment sur des questions défensives : des composants notamment qui servent à déjouer des tirs, et donc qui servent pour le Dôme de fer ou des composants qui servent dans le cadre de vidéosurveillance. Il n'y a pas d'armes exportées, en tout cas pour la France.

D'ailleurs, la France, est paradoxalement peut-être plutôt un concurrent de Israël sur le marché en question, plus qu'un fournisseur en l'occurrence. Les documents ont été donnés par le ministère des Armées, en totale transparence. J'ai d'ailleurs communiqué à l'ensemble des présidents de groupe et des membres de la commission des affaires étrangères à un moment où on me posait cette question, les éléments. Il n'y a pas d'incompatibilité, c'est évident. Justement, nous sommes concentrés sur la partie diplomatique qui est en réalité la seule arme pour nous aujourd'hui pour éviter l'escalade et éviter la guerre./.


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