Sunday, October 6, 2024

L'EXPRESS Thomas L. Friedman : "Au Moyen-Orient, nous assistons aujourd’hui à un bûcher de la paix" - Propos recueillis par Thomas Mahler et Hamdam Mostafavi Publié le 06/10/2024 à 19:00

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Thomas L. Friedman : "Au Moyen-Orient, nous assistons aujourd’hui à un bûcher de la paix"

Géopolitique. Auteur de "De Beyrouth à Jérusalem", l’éditorialiste vedette du New York Times analyse les grands enjeux géopolitiques au Moyen-Orient comme aux Etats-Unis.

Propos recueillis par Thomas Mahler et Hamdam Mostafavi

Publié le 06/10/2024 à 19:00


Un garçon se tient près de l'affiche du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah parmi les destructions provoquées par les attaques de l'armée israélienne sur Dahiyeh, à Beyrouth, Liban, le 02 octobre 2024.


Anadolu via AFP


En 1989, Thomas L. Friedman publiait le classique De Beyrouth à Jérusalem. Le natif du Minnesota y revenait sur ses dix années de correspondance au Liban et en Israël, entre anecdotes personnelles, rappels historiques et analyses géopolitiques. Aujourd’hui, l’éditorialiste du New York Times et triple lauréat du prix Pulitzer signe une nouvelle préface à son livre, déplorant qu’il soit, hélas, toujours d’actualité. Un an après le 7 octobre, l’un des meilleurs connaisseurs du Moyen-Orient décrypte pour L’Express la situation apparemment désespérée entre Israéliens et Palestiniens, mais évoque aussi les espoirs engendrés par l’évolution de l’Arabie saoudite, tout comme les enjeux cruciaux de l’élection américaine.


Le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, qui a culminé dans les années 1990, a-t-il été complètement effacé par l’attaque du 7 octobre ? Vous expliquez que la solution à deux Etats est même plus compliquée aujourd’hui qu’à l’époque de la publication de votre livre, du fait des 360 000 colons juifs présents en Cisjordanie…


Thomas L. Friedman Pourquoi cette guerre actuelle est-elle pire que les précédentes ? Chaque conflit entre les Israéliens et les Arabes a eu un nom : guerre des Six-Jours, guerre du Kippour… Mais comment nommer celle-ci ? Selon moi, il faudrait la baptiser la "guerre du pire". On n’a jamais eu de conflit au Moyen-Orient dans lequel le pire du pire mène le jeu dans chaque camp. Du côté palestinien, c’est l’aile militaire du Hamas. Du côté israélien, des suprémacistes juifs dictent à Benyamin Netanyahou la ligne politique. Au Liban, c’est le Hezbollah, une milice qui a pris en otage tout un pays avec l’aide d’un Etat étranger. Et en Iran, c’est un régime qui se sert de la cause palestinienne pour étendre son influence. Si le diable avait voulu incendier tout le processus de paix, il n’aurait pas fait appel à d’autres protagonistes. Nous assistons aujourd’hui à un bûcher de la paix.


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Néanmoins, je n’ai jamais bougé d’un iota dans ma conviction que la solution passe par deux Etats pour deux peuples, et que celle-ci est plus urgente que jamais. On me qualifie souvent de naïf et de rêveur. A quoi je réponds : "Allez-vous faire foutre !" Il n’y a peut-être que 5 % de chances que cela se produise, mais j’y consacre 100 % de mon énergie. Car, sinon, la seule alternative, c’est une guerre perpétuelle qui consumera toutes les sociétés au Proche-Orient.


Après le Hamas à Gaza, Israël a lancé une attaque massive contre le Hezbollah, aboutissant à la mort de son leader Hassan Nasrallah et à une escalade avec l’Iran. Israël en a-t-il pour autant fini avec le Hezbollah ?


Israël a porté un coup dévastateur au proxy iranien au Liban. Le Hezbollah a depuis des décennies kidnappé le Liban pour le compte de l’Iran, menant une guerre contre Israël que le peuple libanais n’a pas souhaité et où il n’a rien à gagner. En tuant Hassan Nasrallah et toute une partie du leadership de la milice, Israël a fait partir en fumée les milliards de dollars d’investissement iranien dans sa milice au Liban. La raison d‘être du Hezbollah, c’est de dissuader Israël d’attaquer les installations nucléaires de l’Iran.


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Est-ce que le Hezbollah est totalement détruit ? J’en doute. Mais les dirigeants qui restent savent qu’Israël sait exactement où ils vivent, qu’il peut les éliminer à tout moment et qu’il le fera probablement. Le Hezbollah, en tant qu’organisation, et l’Iran, en tant que pays, sont complètement truffés d’espions israéliens, non pas d’espions venus d’Israël mais des Iraniens, des Libanais, des chiites qui

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