Elisabeth Borne, une première ministre fragilisée.
Ses propos soulignant la filiation entre le Rassemblement national et le maréchal Pétain lui ont valu des mots cinglants de la part d’Emmanuel Macron. Un énième recadrage qui n’aide pas la cheffe du gouvernement à asseoir son autorité sur ses ministres.
Par Claire Gatinois
Publié aujourd’hui à 01h59, modifié à 09h53
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Elisabeth Borne, à Matignon, le 17 mai 2023. CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »
L’affaire a été jugée suffisamment grave pour obliger Emmanuel Macron à mêler les dossiers nationaux et internationaux. Mercredi 31 mai, depuis Bratislava, où il assistait au forum Globsec sur la sécurité en Europe de l’Est et du Nord, le chef de l’Etat a tenu à préciser que sa première ministre, Elisabeth Borne, n’était en rien disqualifiée. « Elle a toute ma confiance », a-t-il assuré. « Quand j’ai des choses à dire à mes premiers ministres depuis six ans, je le dis dans un colloque singulier où rien ne sort, et nous réglons les choses ensemble », a-t-il signalé. « Certains ont, manifestement, du mal comprendre », a abondé la première ministre dans un entretien à Ouest France, mercredi.
La veille, lors du conseil des ministres, Emmanuel Macron avait eu des mots cinglants envers la locataire de Matignon et sa façon de qualifier le Rassemblement national (RN), un parti « héritier de Pétain », avait-elle pointé dimanche 28 mai sur Radio J. Aux dires de participants dont les propos ont été rapportés par l’Agence France-Presse (AFP), Le Figaro et Le Parisien, Emmanuel Macron avait appelé à en finir avec « les attaques des années 1990 » contre le RN. Une ligne appuyée depuis la capitale slovaque, où Emmanuel Macron a plaidé pour lutter contre le parti d’extrême droite avec des éléments « concrets » et non plus uniquement avec des arguments « historiques et moraux ». Un recadrage, donc. « A aucun moment Emmanuel Macron n’a fait référence aux propos de la première ministre tenus sur Radio J. J’ai depuis très longtemps combattu le Front national [ancien nom du RN] et je me reconnais dans l’équilibre porté par le président entre la lutte sur le terrain du réel et sur le terrain de la morale », relativise le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti.
Cible régulière de piques élyséennes
Sidérés, certains parlementaires, comme le député de Paris Gilles Le Gendre, dont le père fut rescapé d’Auschwitz, ont transmis par texto leur soutien à la cheffe du gouvernement. Sur France Inter, mercredi, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a assuré que « la première ministre est parfaitement fondée à rappeler cette histoire » du RN. « La vérité est cruelle. La première ministre l’a rappelée, c’est salutaire », avait tweeté dès dimanche le ministre des transports, Clément Beaune, étonné de la soudaine colère présidentielle.
L’ancienne préfète, abîmée par le fiasco de la réforme des retraites, est la cible régulière de piques élyséennes. Lors de son entretien au journal télévisé de 13 heures sur France 2 et TF1, le 22 mars, Emmanuel Macron l’avait chargée d’« élargir la majorité », en complétant son propos d’un « j’espère qu’elle y parviendra », laissant entendre qu’un échec signerait la fin de leur collaboration.
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