Tuesday, December 3, 2024

France - Territoires palestiniens - Conférence humanitaire internationale pour la population civile de Gaza - Discours de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères (Le Caire, 02/12/2024)

Territoires palestiniens - Conférence humanitaire internationale pour la population civile de Gaza - Discours de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères (Le Caire, 02/12/2024)


Monsieur le Ministre, cher Badr,

Monsieur le Premier ministre,

Monsieur le Secrétaire général des Nations unies,

Excellences,

Mesdames et messieurs,


Je remercie l'Egypte d'avoir organisé cette conférence conjointement avec les Nations unies, un an après le Sommet du Caire pour la Paix le 21 octobre 2023 et la première conférence humanitaire pour Gaza tenue à Paris le 9 novembre 2023.

Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour faire face à la tragédie qui s'est ouverte le 7 octobre avec l'odieux massacre antisémite perpétré par le Hamas, et qui se poursuit depuis lors avec la guerre de Gaza et son lot d'indicibles souffrances pour les civils.

Comment y faire face ?

1/ La première de nos priorités, c'est d'obtenir un cessez-le-feu immédiat, et la libération de tous les otages, dont deux de nos compatriotes.

Ce conflit a trop duré. L'élimination il y a quelques semaines de Yahya Sinouar, l'architecte du pogrom du 7 octobre, et le cessez-le-feu au Liban doivent créer les conditions d'une cessation des hostilités permettant la fin des souffrances collectives : celles des otages, qui doivent être libérés sans délai, de leurs proches, et celles de la population de Gaza.

2/ La deuxième de nos priorités, celle qui est au coeur de cette conférence, c'est de venir en aide aux populations civiles à Gaza en situation d'urgence humanitaire absolue, en particulier au Nord de l'enclave.

La France a pris toute sa part dans cet effort. Elle a mobilisé 100Meuro en 2023, et à nouveau 100 Meuro en 2024 au profit de la population civile de Gaza. Elle a acheminé près de 1200 tonnes de fret pour Gaza, par voie aérienne et par voie maritime. Elle s'est mobilisée pour soutenir ses partenaires égyptiens et jordaniens, dont je salue l'action résolue, dans la réponse médicale et la prise en charge de blessés palestiniens.

Elle poursuivra son engagement dans les prochains mois, et je suis heureux d'annoncer aujourd'hui une nouvelle contribution de 50 Meuro. Cette nouvelle mobilisation de ressources financera à la fois les agences des Nations unies, des organisations humanitaires non-gouvernementales et des actions françaises directes.

Hélas, malgré cette mobilisation collective, la situation humanitaire à Gaza reste dramatique, en particulier au Nord de l'enclave, où des acteurs humanitaires chevronnés disent n'avoir jamais observé une crise aussi grave, et où les agences des Nations unies nous alertent sur un risque de famine imminente.

Israël doit entendre ce message que nous ne cessons de marteler - nous avons encore adressé aux autorités israéliennes une lettre solennelle il y a quelques jours avec mes homologues britannique et allemand : l'aide humanitaire doit parvenir massivement à Gaza. Les restrictions inacceptables aux accès humanitaires doivent être levées sans délais, et tous les points de passage ouverts.

Israël doit aussi préserver l'action indispensable de l'UNRWA. Je redis ici nos inquiétudes collectives vis-à-vis des lois récemment adoptées par la Knesset à son encontre. Pour notre part, nous continuerons de soutenir l'UNRWA, dans son action et dans ses réformes, conformément au rapport de Catherine Colonna. Sur les 50Meuro que nous allons engager, 20 Meuro iront à l'UNRWA.

3/ Notre troisième priorité est de travailler à une solution politique qui garantisse une paix juste et durable.

Nous y travaillons dans la région : nous avons permis un accord de cessez-le-feu au Liban et oeuvrons pour qu'il soit pérenne, nous contribuons à la sécurité en mer Rouge et nous efforçons d'éviter une guerre directe avec l'Iran.

Nous y travaillons aussi en Israël et en Palestine. Nous demeurons convaincus que la solution à deux Etats est la seule qui puisse garantir paix et sécurité sur le long terme aux Israéliens comme aux Palestiniens. Elle est aujourd'hui remise en cause, par l'aggravation de la colonisation, par les violences de colons extrémistes, par la volonté d'affaiblir l'Autorité palestinienne et par les discours de certains responsables israéliens qui évoquent ouvertement une annexion, un scénario totalement inacceptable. Cette dynamique est non seulement contraire à tous les principes du droit international, mais aussi aux intérêts et à la sécurité d'Israël. La question palestinienne ne va pas disparaître. Nous avons déjà pris nos responsabilités en adoptant des sanctions, et nous continuerons à nous mobiliser.

Nous appelons ici une nouvelle fois à terminer la guerre de Gaza pour engager une perspective politique, qui garantisse la sécurité et l'intégration régionale d'Israël, et l'aspiration légitime des Palestiniens à disposer d'un Etat./.





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