Mongolie - Discours de M. Emmanuel Macron, Président de la République, à l'occasion de sa visite d'Etat en Mongolie, lors d'une déclaration conjointe à la presse avec son homologue, M. Ukhnaagiin Khürelsükh (Oulan-Bator, 21/05/2023)

 Mongolie - Discours de M. Emmanuel Macron, Président de la République, à l'occasion de sa visite d'Etat en Mongolie, lors d'une déclaration conjointe à la presse avec son homologue, M. Ukhnaagiin Khürelsükh (Oulan-Bator, 21/05/2023)

=Seul le prononcé fait foi=

Merci beaucoup. Merci beaucoup de nous accueillir avec notre délégation et pour l'organisation de cette visite historique. Et en effet, vous l'avez rappelé, malgré la distance qui nous sépare, depuis près de huit siècles, notre histoire est liée par les missions d'André de Longjumeau et Guillaume de Rubrouck envoyées par Saint Louis auprès des héritiers de Gengis Khan, et ils ont alors bravé tous les dangers, conscients de la nécessité d'une ouverture, d'une audace à avoir pour bâtir des liens nouveaux.

Et c'est, au fond, les mêmes sentiments qui doivent nous animer aujourd'hui dans un monde instable, une région qui est percutée par la montée des tensions. Et face à ces défis, comme ceux de la transition climatique, de la lutte contre la déforestation, je crois que l'agenda dont nous avons discuté aujourd'hui, dont vous venez de rendre compte, est à la hauteur des enjeux.

Nous avons naturellement évoqué un instant la guerre menée par la Russie en Ukraine, dont les conséquences ne se limitent pas à l'Europe. Et j'ai pu, avec M. le Président, partager notre détermination à soutenir un Etat agressé, ainsi que notre objectif d'un retour à la paix sur le continent européen dans le respect du droit international et précisément parce qu'il s'agit là du droit international, de notre stabilité à tous. Forte de sa participation aux opérations de maintien de la paix et de son attachement à un régime démocratique fondé sur l'Etat de droit, ce qui, pour vous comme pour nous, inclut aussi l'abolition de la peine de mort, la Mongolie contribue pleinement au système multilatéral sur lequel repose la paix et la sécurité internationales et je veux ici vous remercier pour cet engagement.

C'est aussi pour cela que nous serons au rendez-vous de cette diplomatie féministe que vous défendez et appelez de vos voeux. Nous avons abordé plusieurs questions avec le Président, qui consistent, au fond, à renforcer notre souveraineté face à ces défis et à pleinement embrasser, je le disais, la question de la décarbonation de nos économies et de la biodiversité.

D'abord, nous avons décidé de travailler ensemble pour renforcer notre souveraineté énergétique, en fournissant des métaux critiques, pour ce qui est de votre pays - qui dispose de cette ressource - ce qui passe par des projets à fort impact sur le développement du pays et respectueux des meilleurs standards en matière environnementale et sociale.

À cet égard, le partenariat avec Orano est un élément structurant. Il y a un très gros travail qui a été fait, et je veux dire ici que cela permettra donc d'extraire un uranium extrêmement important pour notre transition énergétique et notre partenariat. Et cela se fera avec les meilleures règles, évidemment de sûreté, mais un plein respect à la fois du paysage, des modes de vie, des activités économiques et en particulier agricoles de la région.

Ensuite, nous avons acté une feuille de route sur la transition énergétique et la décarbonation de votre économie, qui passera par une coopération sur les énergies renouvelables, par une coopération, y compris de gouvernement à gouvernement en matière de nucléaire, et par la volonté de bâtir un chemin de financement bilatéral et international pour vous aider à cette transition, comme nous l'avons fait avec d'autres pays, en particulier dans la région ; j'ai fait référence au JETP que nous avons su parachever avec l'Indonésie pour ne citer qu'une référence. Dans le même esprit, nous avons la volonté d'avancer en matière de reforestation et de biodiversité, agenda que nous partageons l'un et l'autre, vous avez l'objectif, vous aussi, de planter 1 milliard d'arbres comme la France. Vous avez eu l'amitié de faire référence à l'agenda défini au One Forest Summit. Et donc nous coopérons aussi dans cet agenda et vous pouvez d'ailleurs compter sur le plein soutien de la France à l'organisation, ici en Mongolie, de la COP17 sur la désertification en 2026, qui vient conforter cette volonté.

Nous avons également parlé de partenariat stratégique en matière satellitaire et spatiale, vous l'avez évoqué. Je souhaite que nous puissions avancer sur ce point, de même que sur les questions économiques. Nous avons plusieurs avancées qui ont été consolidées lors de cette visite.

Je serais incomplet sans terminer sur l'impulsion que nous souhaitons donner ensemble aux échanges entre nos deux sociétés civiles. Nous fêtons cette année les 60 ans de l'enseignement de la langue française en Mongolie. Et pour y parvenir, nous allons développer des programmes de bourses, y compris dans le cadre de l'initiative que vous avez lancée, Monsieur le Président, en facilitant les déplacements entre nos deux pays et en permettant à plus d'étudiants de poursuivre leurs études. Et nous serons heureux d'accueillir justement plus d'étudiants mongols dans notre pays et la France.

Je voudrais également mentionner, vous l'avez rappelé, l'importance du partenariat en matière agricole. La souveraineté agricole de votre pays est un des objectifs que vous poursuivez. Notre ministre est venu, il y a quelques semaines, et là aussi, nous serons des partenaires fiables.

Voilà les quelques mots en complément et pour, je dirais, m'inscrire dans la droite ligne de vos propos, Monsieur le Président, que je souhaitais rapporter à l'issue de notre entretien, vous dire que c'est avec un grand bonheur que je vous accueillerai en octobre prochain car je souhaite vous inviter en France à votre tour pour une visite d'Etat, ce qui vous permettra aussi de profiter de l'organisation et de l'exposition inédite que nous avons mise en place au musée de Nantes sur Gengis Khan.

Et ce sera l'occasion en effet de poursuivre ces travaux et d'en parachever d'autres et, au fond, de consolider ce statut de partenaire privilégié qui est le nôtre et dans le cadre duquel nous souhaitons pouvoir avancer, pas simplement dans les mois, mais les années qui viennent, sur l'ensemble des sujets que nous venons d'évoquer.

Je vous remercie, Monsieur le Président, vous, votre Gouvernement et l'ensemble de votre peuple pour l'accueil qui nous est fait et pour ce que nous allons écrire ensemble./.

(Source : site Internet de la présidence de la République)