Fransa'da yayınlanan L'Express" dergisi, The Economist dergisinden alıntı yaparak, 27 Mayıs 2023'de 100 yaşını kutlayacak olan Henry Kissinger'le Nisan sonunda yapılan bir mülakata yer vermiş bulunuyor. Mülakatın tamamı aboneler özel olduğundan, sadece bir kaç paragrafını iletmekle yetinmek durumundayım. Mülakatın tam metnini, The Economist ya da l'Express dergisinden temin edebilecek bir meslektaşımız/ arkadaşımız olursa, çok makbule geçer.
Traduction exclusive
Comment éviter une troisième guerre mondiale, par Henry Kissinger
Chine, Russie, Etats-Unis, IA… A bientôt 100 ans, l’ancien secrétaire d’Etat et célèbre expert en géopolitique livre ses conseils, réalistes et pragmatiques. Le monde n’a, selon lui, que de "cinq à dix ans"…
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Le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden lors du sommet du G20 à Bali, le 14 novembre 2022
afp.com/SAUL LOEB
Par The Economist*
Publié le 23/05/2023 à 06:30
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A Pékin, on a conclu que l’Amérique ferait n’importe quoi pour maintenir la Chine à terre. A Washington, on est convaincu que la Chine complote pour supplanter les Etats-Unis en tant que première puissance mondiale. Pour bénéficier d’une analyse réfléchie de cette opposition grandissante – et d’un plan afin d’éviter qu’elle ne débouche sur une guerre entre superpuissances –, il faut se rendre au 33ᵉ étage d’un immeuble Art déco du centre de Manhattan : le bureau de Henry Kissinger.
Le 27 mai, Henry Kissinger fêtera ses 100 ans. Aucune personne vivante n’a autant d’expérience des affaires internationales que lui, d’abord en tant qu’universitaire spécialiste de la diplomatie du XIXᵉ siècle, puis, dans les années 1970, en tant que conseiller à la sécurité nationale et secrétaire d’Etat des Etats-Unis [NDLR : sous les administrations Nixon et Ford] et, depuis quarante-six ans, en tant que consultant et émissaire auprès de monarques, de présidents et de dirigeants du monde entier. Henry Kissinger est inquiet : "Chaque partie est convaincue que l’autre représente un danger stratégique. Nous sommes sur la voie d’une confrontation entre grandes puissances."
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Fin avril, nous avons pu nous entretenir avec Henry Kissinger pendant plus de huit heures sur la manière d’éviter que le conflit entre la Chine et l’Amérique ne dégénère en guerre. Aujourd’hui, l’homme est voûté et marche difficilement, mais son esprit reste acéré. Alors qu’il réfléchit à ses deux prochains livres, l’un sur l’intelligence artificielle (IA), l’autre sur la nature des alliances, il préfère se tourner vers l’avenir plutôt que de ressasser le passé.
L’ancien secrétaire d’Etat s’inquiète de l’intensification de la concurrence entre la Chine et l’Amérique pour la prééminence technologique et économique. Alors que la Russie tombe dans l’orbite de la Chine et que la guerre menace le flanc oriental de l’Europe, il craint que l’IA ne soit sur le point de renforcer la rivalité sino-américaine. Dans le monde entier, l’équilibre des pouvoirs et les technologies pour mener la guerre évoluent si rapidement et de tant de façons que les pays ne disposent d’aucun principe fixe sur lequel ils pourraient établir l’ordre. S’ils n’en trouvent pas, ils risquent de recourir à la force. "Nous nous trouvons dans la situation classique d’avant la Première Guerre mondiale, prévient-il, où aucune des parties ne dispose d’une grande marge de concession politique et où toute perturbation de l’équilibre peut avoir des conséquences catastrophiques."
“"Le sort de l'humanité dépend de la capacité de l'Amérique et de la Chine à s'entendre"”
Henry Kissinger est perçu par beaucoup comme un belliciste du fait de son rôle dans la guerre du Vietnam. Mais il considère la prévention des conflits entre superpuissances comme la grande ambition de sa vie. Témoin direct du carnage perpétré par l’Allemagne nazie, qui a assassiné treize de ses proches parents lors de la Shoah [NDLR : il est né en 1923, en Bavière, dans une famille juive], il a acquis la conviction que le seul moyen d’éviter un conflit désastreux est de mener une diplomatie réaliste, de sang-froid, mais idéalement renforcée par des valeurs partagées. "Voilà le problème qui doit être résolu, explique-t-il. Et je crois que j’ai passé ma vie à essayer de le résoudre." Selon lui, le sort de l’humanité dépend de la capacité de l’Amérique et de la Chine à s’entendre. Il pense que les progrès rapides de l’IA, en particulier, ne leur laissent que de cinq à dix ans pour trouver une solution.
Henry Kissinger a un premier conseil à donner aux dirigeants en herbe : "Identifiez où vous êtes. Impitoyablement." Dans cet esprit, le point de départ pour éviter la guerre est d’analyser l’agitation croissante de la Chine. Bien qu’ayant la réputation d’être conciliant avec le régime de Pékin, Kissinger reconnaît que de nombreux penseurs chinois estiment que l’Amérique est sur une pente déclinante et que, "par conséquent, à la suite d’une évolution historique, ils finiront par [la] supplanter".
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