Saturday, October 22, 2022

Italie : la dirigeante d’extrême droite Giorgia Meloni présente un gouvernement destiné à rassurer les partenaires de Rome (Le Monde)

 Italie : la dirigeante d’extrême droite Giorgia Meloni présente un gouvernement destiné à rassurer les partenaires de Rome

La nomination de personnalités expérimentées et pro-européennes aux postes-clés (affaires étrangères, Europe, économie) marque une forme de continuité, alors que la priorité du nouveau cabinet sera la situation économique.

Par Olivier Bonnel(Rome, correspondance) et Allan Kaval(Rome, correspondant)

Publié aujourd’hui à 05h50, mis à jour à 08h21 

La présidente du parti Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, présente son gouvernement après une réunion avec le président italien, Sergio Mattarella, à Rome, le 21 octobre 2022. FRANCESCO AMMENDOLA / AFP

Après avoir offert une victoire nette à la coalition de droite dont elle dirige la composante la plus puissante, après avoir dompté sa majorité malgré des semaines de tensions, Giorgia Meloni, 45 ans, s’est hissée à la tête du gouvernement italien, vendredi 21 octobre. Elle devient la première femme à occuper cette fonction de l’histoire du pays. A la suite d’un entretien avec le président de la République, Sergio Mattarella, qui l’avait appelée dans la matinée à former son gouvernement, la dirigeante d’extrême droite a livré la liste de ses ministres, fruit de négociations intenses et par moments conflictuelles avec ses alliés.

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Son parti, Fratelli d’Italia, passé de 4 % des suffrages exprimés lors des élections législatives de 2018 à 26 % au scrutin du 25 septembre, est issu de la mouvance post-fasciste, dans laquelle Giorgia Meloni s’est engagée à l’âge de 15 ans. Alors qu’elle y a construit toute sa vie politique en associant son nom à en engagement radical sur des thématiques identitaires, elle se voit désormais en figure de proue d’une droite conservatrice de gouvernement. La composition du nouvel exécutif reflète à la fois une volonté de maintenir l’équilibre au sein de la droite italienne et le souci d’assurer aux partenaires de Rome une promesse de normalité institutionnelle, ainsi qu’une certaine continuité avec les engagements européens et transatlantiques associés à la personne du premier ministre sortant, Mario Draghi.

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C’est à Bruxelles que ce dernier a commencé la dernière journée de son mandat. M. Draghi avait pris en février 2021 la tête d’un gouvernement d’unité nationale à forte coloration technocratique pour répondre à la crise déclenchée par la pandémie de Covid-19. Fratelli d’Italia a représenté son unique opposition, jusqu’à sa chute, en juillet.

De retour d’un Conseil européen dominé par la crise énergétique, le président du conseil sortant passera dimanche matin le témoin à Mme Meloni. Le nouveau gouvernement devra traiter en priorité les urgences économiques liées à la guerre en Ukraine. « Draghi et Meloni avaient d’excellents rapports quand elle était dans l’opposition. Ils partagent désormais la même vision sur les grandes questions internationales et européennes », affirme le sénateur (Fratelli d’Italia) Giovanbattista Fazzolari, qui appartient au cercle rapproché de la nouvelle présidente du conseil.

Une confiance nécessaire avec Bruxelles

« Le gouvernement Meloni est dépourvu d’une puissante composante technique, mais les profils des ministres nommés aux postes-clés sont voués à rassurer les marchés et les observateurs extérieurs », note Lorenzo Codogno, professeur invité à la London School of Economics et ancien directeur général du Trésor italien. Demeurant d’un exécutif à l’autre, Giancarlo Giorgetti, ministre du développement économique sous M. Draghi, doit ainsi prendre le poste de ministre de l’économie et des finances. Responsable politique expérimenté dans le domaine économique, sans être pour autant un technocrate, il est identifié à la tendance proeuropéenne de la Ligue, partenaire de coalition de Giorgia Meloni avec Forza Italia, de Silvio Berlusconi.

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