Nations unies - Libye - Intervention de M. Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations unies, au conseil de sécurité (New York, 24/01/2022)
Madame la Présidente,
Je remercie la Secrétaire générale adjointe, le président du comité de sanctions et Mme Saudi pour leurs interventions.
Après l'annonce du report des élections présidentielles et parlementaires du 24 décembre, il est essentiel de reprogrammer sans délai ces scrutins et de respecter le souhait de la population libyenne, qui se mobilise depuis plus d'un an pour la tenue de ces élections.
En écho à l'appel du Secrétaire général, nous appelons les acteurs libyens à travailler ensemble afin de fixer au plus vite un calendrier clair pour la tenue de ces élections dans les plus brefs délais. Les divergences sur les lois électorales et la liste des candidats à l'élection présidentielle doivent être résolues par le dialogue et par les voies judiciaires. Tous doivent s'engager à respecter les résultats des élections. Les candidats occupant des fonctions publiques doivent se mettre en retrait pour assurer des règles du jeu équitables. Nous continuerons également de soutenir le travail remarquable de la Haute commission électorale et de son président, qui est soumis à de fortes pressions et continue de se mobiliser pour la préparation des scrutins.
La France appelle ce Conseil à unir ses efforts pour préserver la dynamique électorale, conformément à la feuille de route du Forum de dialogue politique libyen endossée par la résolution 2570 de ce Conseil. Nous appuyons pleinement les efforts de la médiation des Nations unies en ce sens.
Le processus électoral a permis des progrès remarquables depuis un an : des acteurs politiques libyens de toutes les régions se sont engagés pour la tenue de ces scrutins et ont entamé un dialogue constructif. L'absence de perspective électorale pourrait à l'inverse alimenter l'instabilité sécuritaire et la tentation des armes. Ces élections sont donc nécessaires à la stabilisation de la Libye et offrent une occasion unique pour tourner la page d'une décennie de conflit et instaurer durablement la paix.
La France appelle ce Conseil à agir contre ceux qui, en Libye et ailleurs, ont intérêt à la perpétuation du statu quo et à l'instabilité sécuritaire. Nous rappelons à cet égard que tout individu ou entité entravant la transition, notamment le processus électoral, est susceptible d'être désigné par le comité de sanctions.
La mise en oeuvre de l'accord de cessez-le-feu, notamment du plan d'action du comité 5+5 d'octobre 2021, doit se poursuivre en parallèle.
Avec les Libyens, les Nations unies et les participants à la Conférence de Paris pour la Libye du 12 novembre, la France a appelé au départ des mercenaires, combattants étrangers et forces étrangères du territoire libyen. Elle se félicite de la concrétisation d'un premier retrait de 300 mercenaires, ainsi que des consultations du comité militaire conjoint 5+5 avec des acteurs régionaux et internationaux.
Il est désormais essentiel de progresser dans la mise en oeuvre d'un processus complet de retrait des mercenaires, combattants étrangers et forces étrangères, piloté et dirigé par les Libyens avec l'aide de la MANUL et en coordination avec les pays de la région.
La France appelle à cet égard les acteurs libyens à définir au plus vite un calendrier pour la mise en oeuvre de ce retrait. Elle encourage les Nations unies à appuyer ce travail, à travers son mécanisme d'observation du cessez-le-feu et son soutien aux processus de désarmement, démobilisation et réintégration. Elle rappelle que le strict respect de l'embargo sur les armes s'impose à tous et restera vigilante quant à sa mise en oeuvre.
Enfin, nous appelons à accroître les efforts pour unifier l'ensemble des institutions libyennes, notamment militaires, sécuritaires et économiques. Ces efforts ne pourront être entrepris que sous l'égide d'un gouvernement stable, légitime et unifié, à même de contrôler ses frontières, de lutter contre les trafics et de mettre un terme à la corruption - d'où la nécessité d'élections dans les plus brefs délais. C'est essentiel pour mettre un terme aux violations des droits de l'Homme, notamment des migrants, que nous condamnons. Nous encourageons à ce titre les autorités libyennes à coopérer avec la MANUL, la Cour Pénale Internationale et la mission d'établissement des faits du Conseil des droits de l'Homme pour lutter contre l'impunité en Libye. Nous encourageons aussi la MANUL à renforcer ses mécanismes de protection en faveur des enfants et des femmes, en ligne avec son mandat.
Madame la Présidente,
Nous sommes à un moment décisif pour l'avenir de la Libye. A l'approche du renouvellement du mandat de la MANUL, la France appelle les membres de ce Conseil à être à la hauteur de ces enjeux et à préserver l'esprit d'unité qui a présidé à la Conférence de Paris.
Je vous remercie./.
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