Nations unies - Ukraine - Intervention de M. Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations unies, au Conseil de sécurité (New York, 18/11/2024)
Monsieur le Président,
Je remercie Mme DiCarlo pour son exposé.
Demain, cela fera 1.000 jours que la Russie a déclenché contre l'Ukraine une guerre illégale, injustifiable et brutale - 1.000 jours que la Russie a choisi d'agresser un Etat souverain qui ne la menaçait pas, pour en annexer des territoires au mépris de la Charte des Nations unies et de ses principes.
Depuis 1.000 jours, la Russie mène cette guerre en accumulant les violations du droit international humanitaire et des droits de l'Homme. Elle conduit des frappes délibérées contre les populations et les biens civils de l'Ukraine, avec un bilan humain catastrophique qui ne cesse de s'alourdir. Elle continue à cibler les infrastructures énergétiques du pays, forçant le peuple ukrainien à affronter dans le froid un troisième hiver de guerre. Elle met en péril la sécurité alimentaire mondiale en frappant les infrastructures portuaires et céréalières, malgré les efforts de la France et de ses partenaires pour permettre l'envoi de céréales aux populations civiles, par exemple à Gaza.
La Russie utilise les violences sexuelles comme arme de guerre, et ne recule pas devant les transferts forcés et les déportations d'enfants ukrainiens. Les responsables de ces crimes devront rendre des comptes.
Depuis 1.000 jours, la Russie s'obstine à poursuivre son agression, malgré le coût croissant de son effort de guerre. Pour cela, elle est prête à saper les fondements de l'architecture mondiale de non-prolifération, en se fournissant en armes, munitions et missiles balistiques auprès de l'Iran et de la Corée du Nord en violation des résolutions de ce Conseil. La présence sur le territoire russe de soldats nord-coréens, et leur implication potentielle sur le front ukrainien, représentent une nouvelle violation flagrante du droit international et une grave escalade du conflit.
Depuis 1.000 jours, le peuple ukrainien se défend avec un courage admirable. Dès le premier jour de la guerre, la France a choisi de se tenir aux côtés de l'Ukraine. Nous lui apportons le soutien militaire et humanitaire dont elle a besoin. Elle doit pouvoir lutter pour son indépendance, pour son intégrité territoriale. Elle doit être libre de choisir ses alliances et son destin. Le droit de l'Ukraine à la légitime défense inclut la possibilité de frapper toute cible militaire impliquée dans des opérations visant son territoire, conformément à l'article 51 de la Charte. L'Ukraine doit être mise en situation de se défendre et d'engager, lorsqu'elle le décidera, des négociations en vue d'atteindre une paix juste et durable. Il ne saurait y avoir de paix viable si nous laissons l'agresseur imposer sa volonté par la force.
Le combat des Ukrainiens nous concerne tous. Cette guerre est une atteinte aux principes de la Charte des Nations unies, dont la souveraineté et l'intégrité territoriale. Elle déstabilise les fondements de l'ordre international dont nous sommes les garants. Elle a fait l'objet d'une très large condamnation par l'Assemblée générale des Nations unies. Laisser cette guerre atteindre ses objectifs, c'est prendre le risque de voir prospérer partout la loi du plus fort, les politiques de révision agressive des frontières, la revendication de sphères d'influence au mépris de l'égalité souveraine des Etats. Nul n'a intérêt à laisser s'installer la loi de la jungle.
Tel est le sens de notre engagement aux côtés de l'Ukraine. Nous continuerons de soutenir la formule de paix du président Zelensky, dans le cadre de laquelle la France a organisé une conférence sur la sûreté et la sécurité nucléaire à Paris le 17 octobre dernier. Nous continuerons d'agir pour une paix juste et durable, conforme aux résolutions que l'Assemblée générale a adoptées à une très large majorité.
Je vous remercie./.
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