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Présidentielle américaine
Pourquoi le programme de Donald Trump serait un désastre pour l'économie américaine, par Adam Posen
Présidentielle américaine. Les propositions radicales du candidat républicain feraient des ravages pour les entreprises, les travailleurs et les consommateurs américains, prévient l’économiste qui dirige l’un des think tanks les plus influents de Washington.
Par Adam Posen (Foreign Affairs)*
Publié le 05/11/2024 à 16:00
Donald Trump en Caroline du Nord le 3 novembre 2024
Le candidat républicain à l'élection présidentielle, l'ancien président Donald Trump, s'exprime lors d'un meeting de campagne à l'aéroport régional de Kinston le 3 novembre 2024 à Kinston, en Caroline du Nord. Getty Images via AFP
De nombreux observateurs bien informés et une part importante des électeurs américains sont sereins, voire enthousiastes, quant au programme économique que Donald Trump entend mettre en œuvre au cours de ce qui serait son second mandat présidentiel. Certains se concentrent sur ses promesses de prolonger les réductions d’impôts et la déréglementation, y voyant une continuation des politiques républicaines passées. D’autres soulignent la faible inflation et les rendements boursiers élevés qui ont caractérisé son premier mandat avant le début de la pandémie de Covid-19 et affirment que les politiques de Trump - y compris son approche peu orthodoxe des tarifs douaniers et de l’immigration - ont été couronnées de succès, ou du moins n’ont pas été néfastes.
De nombreux investisseurs et initiés insistent sur le fait que les menaces les plus extrêmes de Trump concernant les expulsions [d’immigrés], le commerce, la Chine et la Réserve fédérale sont en réalité des stratégies judicieuses pour obtenir un effet de levier sur les acteurs étrangers, les technocrates nationaux ou une majorité démocrate potentielle à la Chambre des représentants. De plus, il est généralement admis que si l’une des politiques économiques agressives de Donald Trump devait imposer des coûts élevés, en particulier aux investisseurs ou aux grandes entreprises, il reviendrait sur sa décision.
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Ce sentiment de confiance est toutefois ancré dans une incapacité à comprendre le véritable danger que représentent les projets économiques actuels de Donald Trump. Aucun président américain n’a jamais abandonné dès le premier jour de son mandat ses priorités économiques proclamées à maintes reprises. Trump et son colistier, JD Vance, ont proposé une série d’interventions radicales et à grande échelle dans l’économie américaine, notamment des droits de douane sur toutes les importations, dix à quinze fois plus élevés que ceux imposés par Trump lors de son premier mandat, qui ne visaient principalement que les produits chinois ; l’expulsion ou la détention d’entre un million et huit millions d’immigrés, dont certains se trouvent actuellement aux États-Unis en toute légalité ; et une prise de pouvoir qui impliquerait d’utiliser le pouvoir exécutif pour séquestrer les fonds alloués par le Congrès et pour interférer avec l’indépendance de la Réserve fédérale dans la fixation des taux d’intérêt. Ces mesures sont bien pires que celles qu’il a prises au cours de son premier mandat.
“L'approche de Trump fait de l'incertitude une arme. Mais l'incertitude est une arme difficile à contrôler, et elle se retournera contre celui qui la manie trop largement”
La vision du monde qui justifie ces politiques n’a rien à voir avec celles qui ont façonné l’administration Reagan et les deux administrations Bush. Elle s’inspire de Hobbes, et non de Hayek, et considère l’économie mondiale comme un jeu dans lequel les autres pays cherchent tout simplement à s’en prendre aux États-Unis qui doivent donc s’en prendre à eux en premier. Trump insiste sur le fait que la dissuasion de l’activité économique des étrangers améliorera sensiblement les résultats pour les Américains qu’il favorise. C’est la ligne directrice de toutes les mesures économiques qu’il propose.
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Une telle approche peut s’avérer payante dans un monde du développement immobilier et du commerce en ligne. Mais les économies nationales sont bien plus que la somme des divers accords conclus par leurs gouvernements, même dans le cadre de négociations commerciales internationales. Une administration qui ne parvient pas à faire cette distinction et tente plutôt de maximiser les bonnes affaires ponctuelles affaiblirait l’attractivité du pays pour les investissements à long terme.
Au cours des cinquante dernières années, les programmes économiques des administrations présidentielles des deux principaux partis politiques des Etats-Unis, malgré de nombreuses différences, ont reconnu l’importance de promouvoir la stabilité macroéconomique globale. Les présidents ont privilégié des niveaux très différents de réglementation et de dépenses publiques, mais ils se sont généralement engagés à réduire l’incertitude à long terme. D’autres gouvernements dans le monde ont cherché à imiter les États-Unis à cet égard, pour leur plus grand bien. L’approche ...
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