Wednesday, February 1, 2023

Union européenne - Intervention de M. Charles Michel, Président du Conseil européen, à l'issue de sa rencontre avec Mme Giorgia Meloni, Présidente du Conseil des ministres de l'Italie (Rome, 30/01/2023)

 Union européenne - Intervention de M. Charles Michel, Président du Conseil européen, à l'issue de sa rencontre avec Mme Giorgia Meloni, Présidente du Conseil des ministres de l'Italie (Rome, 30/01/2023)

=Seul le prononcé fait foi=

Merci beaucoup, Madame la Première ministre, chère Giorgia Meloni. Merci pour cette occasion de se rencontrer aujourd'hui avec nos équipes respectives pour pouvoir travailler très sérieusement sur la préparation du prochain Conseil européen. Nous sommes dans un moment particulièrement complexe.

Si l'on prend un peu de recul : à la fois une transition climatique, une transition numérique, une crise de la COVID qui nous a fait mal, en particulier, du reste, en Italie, mais qui a aussi montré que la solidarité européenne, c'était la capacité à relever des défis qui étaient des défis extrêmement complexes; et puis cette guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine, cette guerre qui est une violation flagrante du droit international et qui est très grave parce qu'elle représente un danger, dès lors qu'à notre époque il y a la tentation, par un membre permanent du Conseil de sécurité, de remettre en cause des frontières internationalement reconnues. Cela veut donc dire que l'attitude de l'Union européenne, avec le plein soutien de l'Italie, c'est de faire en sorte que l'on travaille pour garantir notre propre sécurité, parce que le monde sera moins sûr si l'on n'a pas la capacité à la fois de soutenir l'Ukraine, mais aussi de mettre en place un ensemble de mesures afin de faire pression pour enrayer cette guerre. Et nous espérons ramener le plus vite possible les uns et les autres sur le chemin de la fin de la guerre et sur le chemin de la paix. C'est un premier point que je voulais indiquer.

Alors le travail aujourd'hui, cela a été indiqué, c'est la préparation d'un Conseil européen qui va être extrêmement important parce qu'on mesure bien que cette guerre entraîne des conséquences : une crise énergétique avec la nécessité d'agir, nous le faisons, nous l'avons fait et on va continuer à le faire sur le plan européen; une crise de sécurité alimentaire qui touche spécialement des pays, notamment sur le continent africain, avec des implications en termes de tentations, de pression migratoire additionnelle et un impact économique sur le plan de l'Union européenne, à fortiori dans un contexte où notre principal allié, les Etats-Unis, décide de mettre en place un plan massif d'aides d'Etat pour soutenir la transformation de l'industrie américaine afin de la rendre plus compatible avec les nécessités du changement climatique.

Et donc, je le dis avec beaucoup de sobriété mais beaucoup de conviction, les décisions que nous allons prendre au Conseil européen la semaine prochaine et dans les prochaines semaines vont être probablement décisives pour les dix prochaines années. L'Union européenne a un atout, c'est en quelque sorte un trésor construit patiemment, c'est le marché intérieur, c'est la capacité que nous avons eue de développer une force économique commune, une force économique partagée qui fait la robustesse du projet européen. Et l'on voit bien qu'aujourd'hui nous allons devoir prendre des décisions afin de défendre ce marché intérieur. Et c'est en cela que c'est un travail important qui a été mené avec la Première ministre aujourd'hui pour identifier les points clés qui vont faire le but de nos délibérations dès la semaine prochaine.

Très rapidement, il y a quatre points que l'on va devoir traiter. Le premier touche probablement à la nécessité de regarder le régime des aides d'Etat pour le rendre plus apte à mobiliser du soutien pour notre base industrielle. Et ce premier point s'accompagne intrinsèquement d'un autre sujet essentiel : la capacité de mobiliser plus rapidement, avec davantage de flexibilité, les moyens financiers existants sur le plan européen et/ou sur le plan national, de garantir que les 27 Etats de l'Union européenne aient les mêmes capacités à faire face à ce défi pour protéger cet intérêt du marché intérieur. Et c'est le lien avec le troisième point, la solidarité : mettre en place des mécanismes. Dans les projets de conclusions j'ai identifié le cas de SURE comme étant une des pistes d'inspiration possibles; les dirigeants devront en débattre, bien entendu.

Et le quatrième point, cela a été très bien dit par la Première ministre, c'est déjà de travailler sur un sujet qui, sans doute, mettra un peu plus de temps avant de faire l'objet de délibérations définitives, à savoir la mise en place d'un fonds de souveraineté européenne. L'idée que, ensemble, de manière stratégique, nous devons avoir des capacités pour investir dans des secteurs qui sont porteurs pour l'avenir de l'Union européenne, pour l'avenir de la prospérité, pour l'avenir du marché intérieur.

On a donc une vision assez claire des points qui vont devoir être débattus, pour lesquels, je l'espère, les dirigeants seront en capacité de donner des orientations extrêmement claires à partir de la semaine prochaine, en mesurant bien qu'il y aura un travail de mise en oeuvre, un travail de polissage de cet ensemble, de ces mesures pour qu'elles aient un impact qui soit utile.

Et puis, le deuxième sujet, qui sera aussi un sujet important à l'ordre du jour du Conseil européen, c'est la question de la migration. Et on voit bien ces derniers mois qu'il y a une hausse significative, pas seulement en Italie, mais partout sur le plan de l'Union européenne, de mouvements de migration irrégulière. Nous avons eu une bonne discussion avec les équipes de la Première ministre aujourd'hui, qui permet de bien baliser les sujets que l'on va traiter la semaine prochaine au départ du Conseil européen. Je pense, et l'on s'accorde pour considérer que l'on doit être très engagés, très mobilisés pour soutenir la défense et la protection des frontières extérieures de l'Union européenne. Et les frontières extérieures de l'Italie, en Méditerranée, sont aussi les frontières extérieures de l'Union européenne. On est très engagés pour considérer que pour être efficaces, il faut être mobilisés dans la coopération avec les pays tiers, notamment sur le continent africain, les pays d'origine mais aussi les pays de transit. On a parlé de la situation en Libye, en Tunisie et dans d'autres pays au bord de la Méditerranée, côté africain.

Troisième point : on doit avoir une ambition en termes de politiques de retour et de réadmission. On voit bien que les moyennes des retours et des réadmissions au départ de l'Union européenne ne sont pas suffisantes. Pour pouvoir progresser là-dessus, il faut plus de coopération. Et puis on est aussi extrêmement convaincus que l'on va devoir poursuivre le travail des Etats membres pour garantir la solidarité sur un sujet comme la migration. C'est un sujet qui est évidemment délicat, qui donne souvent lieu à des débats difficiles, on l'a connu à plusieurs reprises ces dernières années au départ du Conseil européen. Mais je suis confiant qu'avec une bonne préparation, avec de la rationalité, avec du bon sens, on doit pouvoir aborder l'ensemble des sujets liés à cet enjeu et à ce défi pour l'ensemble de l'Union européenne.

Je conclus : il y a du travail, on va devoir se retrousser les manches. On va avoir besoin de réalisme et de volonté politique pour être à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés.

Et je voudrais vraiment, en ce centième jour de responsabilités pour la Première ministre, vous souhaiter d'abord un bon anniversaire, cent jours après avoir pris ses responsabilités, ça signifie quelque chose, c'est une étape qui est importante. Et dire aussi le plaisir et les remerciements pour la coopération sur le plan européen, parce que depuis les derniers mois on a fait l'expérience d'une coopération très franche, très directe et très sincère, avec une volonté bien légitime de défendre les intérêts de l'Italie, mais aussi avec la volonté de défendre l'unité européenne. Comprenant que l'unité de l'Union européenne, c'est aussi de la robustesse qui est bonne pour l'Italie. Quand l'Italie va bien, c'est bon pour l'Union européenne et quand l'Union européenne va bien, c'est bon aussi pour l'Italie. Merci pour cette coopération franche, sincère et constructive que j'apprécie à sa juste valeur./.

(Source : site Internet du Conseil de l'Union européenne)


No comments:

Post a Comment