Proche-Orient : des dizaines de morts après une nouvelle nuit de violences entre Israël et la bande de Gaza
Les attaques israéliennes ont fait au moins 35 morts, dont douze enfants, depuis lundi, selon le ministère de la santé à Gaza. En Israël, ce sont cinq personnes qui ont été tuées au total dans les tirs de roquettes, selon la police et les services de secours.
Le Monde avec AFP
Publié aujourd’hui à 02h21, mis à jour à 10h52
Un passant devant une voiture incendiée pendant les émeutes qui ont eu lieu à Lod, dans la banlieue de Tel-Aviv, le 11 mai 2021.
Un passant devant une voiture incendiée pendant les émeutes qui ont eu lieu à Lod, dans la banlieue de Tel-Aviv, le 11 mai 2021. HEIDI LEVINE / AP
L’escalade militaire entre le Hamas et Israël s’est intensifiée, dans la nuit de mardi 11 à mercredi 12 mai, avec des centaines de roquettes lancées par le mouvement islamiste sur la métropole israélienne de Tel-Aviv et un déluge de feu de l’armée israélienne sur la bande de Gaza.
Plus de 1 000 roquettes tirées de Gaza depuis lundi
Depuis lundi soir, « plus de 1 000 roquettes » ont été tirées depuis la bande de Gaza, dont 850 ont été interceptées par le bouclier antimissile ou se sont abattues sur Israël, et 200 sont tombées du côté de l’enclave palestinienne, a assuré l’armée israélienne mercredi matin.
L’Etat hébreu a par ailleurs annoncé avoir mené une nouvelle série de frappes visant « des maisons qui appartenaient à des membres de haut rang » du Hamas dans la bande de Gaza. Le Hamas, au pouvoir dans ce territoire, a assuré, de son côté, que les frappes successives avaient détruit le quartier général de la police. Ces nouvelles frappes sont les plus importantes depuis la guerre de 2014 dans l’enclave, selon l’armée israélienne.
Dans le centre-ville de Gaza, un immeuble de neuf étages comportant des habitations, des commerces et une chaîne de télévision locale a été détruit. L’armée israélienne a confirmé y avoir ciblé un bâtiment, expliquant qu’il était utilisé par le Hamas pour ses activités de renseignement militaire. Celle-ci a également pulvérisé un édifice de 12 étages, où des ténors du Hamas avaient leur bureau.
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Après une première volée de roquettes en direction de Tel-Aviv mardi soir, le mouvement islamiste a annoncé avoir tiré plus de 200 roquettes, dont « 110 vers la métropole de Tel-Aviv » et « 100 roquettes » vers la ville de Beersheva, « en représailles à la reprise des frappes contre des immeubles habités par des civils ».
En représailles toujours, le Jihad islamique, deuxième groupe armé palestinien de la bande de Gaza, a lancé 100 roquettes depuis l’enclave palestinienne vers le territoire israélien à 5 heures, mercredi.
Une maison détruite par les roquettes lancées de la bande de Gaza à Yehoud, près de Tel-Aviv, mercredi 12 mai.
Une maison détruite par les roquettes lancées de la bande de Gaza à Yehoud, près de Tel-Aviv, mercredi 12 mai. GIL COHEN-MAGEN / AFP
Plusieurs morts durant la nuit
En Israël, un homme et une femme sont morts à Lod alors qu’ils se trouvaient dans une voiture, touchée par une roquette tirée depuis la bande de Gaza, a rapporté la police israélienne. La femme, dont l’âge n’a pas été donné, est morte sur le coup, tandis que l’homme d’une quarantaine d’années a été déclaré mort à l’hôpital. Ces nouvelles victimes portent à cinq le nombre de personnes tuées en Israël par des tirs de roquettes lancées depuis lundi soir par des groupes armés de Gaza.
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Un Palestinien a également été tué dans des heurts avec l’armée israélienne dans le camp de réfugiés d’Al-Fawwar, près de la ville palestinienne d’Hébron, a rapporté le ministère de la santé palestinien.
Une femme palestinienne devant les décombres d’une maison après une frappe israélienne sur Gaza, mercredi 12 mai.
Une femme palestinienne devant les décombres d’une maison après une frappe israélienne sur Gaza, mercredi 12 mai. SUHAIB SALEM / REUTERS
Au total, côté palestinien, les attaques israéliennes menées avec des avions de chasse et des hélicoptères de combat ont fait, depuis lundi, au moins 35 morts, parmi lesquels douze enfants, et au moins 230 blessés, selon le ministère de la santé à Gaza. Des commandants du Hamas et du Jihad islamique ont par ailleurs péri dans ces frappes, ont confirmé ces groupes.
Cette flambée de violences survient après plusieurs jours d’affrontements à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville illégalement occupé et annexé par Israël, selon le droit international.
Le sort de familles palestiniennes menacées d’expulsion de Jérusalem-Est par des colons israéliens est au cœur des tensions de ces derniers jours. Dimanche, la justice israélienne avait annoncé le report d’une audience sur le sujet à la Cour suprême. Fort attendue, cette audience devait se tenir lundi, mais a été repoussée. Depuis 2008, dix familles ont déjà dû partir. Trois autres attendent qu’une date d’expulsion leur soit signifiée en août. En tout, 70 familles sont menacées.
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Etat d’urgence décrété à Lod, près de Tel-Aviv
Outre les frappes, les manifestations se multipliaient à Jérusalem-Est, en Cisjordanie mais aussi dans des villes arabes israéliennes. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a fait le déplacement à Lod, dans la banlieue de Tel-Aviv, mercredi, où il a décrété l’état d’urgence. Tard lundi soir, cette ville israélienne mixte – 77 000 habitants, dont 47 000 de confession juive et 23 000 musulmans – avait été le théâtre de violents affrontements après la mort, la veille, d’un Arabe israélien.
Mardi soir, la situation a dégénéré dans cette ville, selon les forces de l’ordre. « Des émeutes de grande ampleur ont éclaté du fait de certains résidents arabes, mettant en danger les habitants, a précisé la police dans un communiqué. Des véhicules ont été incendiés et des biens ont été endommagés. »
Un véhicule de la police israélienne incendié à Lod, près de Tel-Aviv, mardi 11 mai.
Un véhicule de la police israélienne incendié à Lod, près de Tel-Aviv, mardi 11 mai. AHMAD GHARABLI / AFP
Pour épauler les forces de l’ordre locales, le gouvernement a déployé « seize pelotons » de la police des frontières basées en Cisjordanie, alors que, d’après des médias israéliens, trois synagogues et plusieurs commerces ont été incendiés dans cette ville.
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Des scènes de violence ont aussi eu lieu dans d’autres localités arabes israéliennes, comme à Acre ou à Wadi Ara, ou à Jisr az-Zarqa, près de Haïfa, où huit personnes ont été arrêtées, toujours selon la police.
La CPI s’inquiète des « possibles crimes » commis
La communauté internationale a appelé au calme face à cette flambée de violence, la plus grave depuis des années entre le Hamas et l’Etat hébreu.
Mercredi, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) s’est dite inquiète : « Je note avec une vive inquiétude l’escalade de la violence en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, ainsi qu’à l’intérieur et autour de Gaza, et la possible commission de crimes dans le cadre du statut de Rome », texte fondateur de la juridiction, a déclaré sur Twitter Fatou Bensouda.
L’Organisation de la coopération islamique (OCI) a, de son côté, condamné mardi « dans les termes les plus forts les attaques répétées des autorités d’occupation israéliennes contre le peuple palestinien », a déclaré l’organe panislamique sis dans la ville saoudienne de Djedda dans un communiqué mardi après une session d’urgence.
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L’organisation a également condamné « la poursuite par les forces d’occupation israéliennes de leurs programmes coloniaux – construction de colonies, tentatives de confiscation des propriétés palestiniennes, expulsion forcée des Palestiniens de leurs terres ».
La déclaration de l’OCI fait suite à la ferme condamnation d’Israël par l’Arabie saoudite pour ce qu’elle a appelé « les attaques flagrantes menées par les forces d’occupation israéliennes contre le caractère sacré de la mosquée Al-Aqsa ».
Le premier ministre britannique Boris Johnson a de son côté appelé Israël et les Palestiniens à la « retenue », mercredi, se disant dans un message publié sur Twitter « très préoccupé » par « les violences croissantes et les victimes civiles » et réclamant une « désescalade urgente ». Face aux violences, le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra mercredi une nouvelle réunion à huis clos en urgence, la deuxième en trois jours, d’après des sources diplomatiques.
Le Monde avec AFP
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