Wednesday, September 27, 2023

Arménie - Azerbaïdjan - Réponses de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à trois questions au Gouvernement, en séance publique, à l'Assemblée nationale (Paris, 26/09/2023)

Arménie - Azerbaïdjan - Réponses de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à trois questions au Gouvernement, en séance publique, à l'Assemblée nationale (Paris, 26/09/2023)


Madame la députée Petel,

Vous évoquez un sujet douloureux. Je voudrais commencer par dire notre émotion et notre tristesse suite à l'explosion intervenue hier soir près de Stepanakert. La France est en contact à ce sujet avec les autorités arméniennes, et elle enverra dans les prochaines heures du matériel d'urgence à Erevan pour aider au traitement des blessés les plus graves. Cette décision est prise, Madame la Députée.

Cet accident dramatique intervient en effet alors que des milliers d'Arméniens fuient leur foyer, après l'intervention militaire déclenchée par l'Azerbaïdjan, le 19 septembre, à l'issue de neuf mois, plus de neuf mois maintenant, de blocus ; blocus imposé à des civils en violation du droit international. Cet incident vient souligner le caractère extrêmement grave de ce qui se joue, le Président de la République l'a dit. Et ce qui se joue, se joue aussi sous le regard complice de la Russie.

La France a aussitôt condamné cette intervention militaire. Elle a aussitôt demandé et obtenu une nouvelle réunion du Conseil de sécurité, et demande à l'Azerbaïdjan de respecter le droit international, de respecter ses engagements, de respecter le droit des populations arméniennes à vivre chez elles, en paix, en sécurité, dans le respect de leur histoire et de leur culture. Nous n'accepterons pas, Madame la Députée, que l'aide humanitaire soit entravée. Et nous nous opposerons à toute tentative de remise en cause de l'intégrité territoriale de l'Arménie.

La France prendra donc, dans les jours qui viennent, des initiatives comme il le faut, que ce soit à titre national, à titre bilatéral, avec l'Arménie, que ce soit aux Nations unies, en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, ou que ce soit au sein de l'Union européenne. Par ailleurs, nous porterons à plus de 12 millions d'euros cette année l'aide que notre pays apporte aux réfugiés et aux déplacés en Arménie et au Haut-Karabakh. Je vous remercie.

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Madame la députée Santiago,

Vous avez raison, l'opération militaire engagée par l'Azerbaïdjan, il y a quelques jours, est injustifiable, inacceptable. La France l'a condamnée, et l'a condamnée à nouveau lors d'une réunion au Conseil de sécurité, il y a quelques jours, demandée et obtenue par notre pays.

Nous voyons aujourd'hui, c'est vrai, les conséquences de cette offensive. Plus que jamais, je veux redire que l'Azerbaïdjan porte la responsabilité du sort des populations arméniennes du Haut-Karabakh.

Notre position est claire, nous y travaillons avec nos partenaires et alliés : aucune paix durable ne pourra être atteinte dans le Caucase par la force ou par la menace de la force.

Nous sommes mobilisés jusqu'au plus haut niveau et la France, je le redis, est engagée avec ses partenaires européens et américain notamment, afin de parvenir à une paix juste et négociée et juste, respectueuse du droit international. Cela ne sera possible que si certaines conditions sont respectées, je l'ai dit au Conseil de sécurité.

Au Haut-Karabakh, nous demandons le libre accès humanitaire, bien sûr, et la garantie pour les populations arméniennes qui y vivent de pouvoir continuer d'y vivre en paix et en sécurité dans le respect de leur culture et de leurs droits. Les discussions entre Bakou et Stepanakert doivent se tenir sous les auspices de la communauté internationale, nous le demandons également.

En ce qui concerne l'Arménie, nous demandons le plein respect de l'intégrité territoriale de ce pays, la délimitation de ses frontières, le retrait d'armes massées par l'Azerbaïdjan dans certains points du territoire arménien, et je rappellerais, Madame la Députée, que s'il y a une mission d'observation européenne, c'est grâce à la France, elle est située en territoire arménien. Voilà le sens de notre action. J'ajoutais tout à l'heure, l'amplification de notre aide humanitaire : elle a plus que doublé et bientôt triplé au bénéfice de l'Arménie comme des populations du Haut-Karabakh. Je vous remercie.

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Madame la députée Antoine,

Je vous remercie de votre question qui m'offre l'occasion de compléter mes réponses précédentes, et en particulier de dire ce qui est : aucun pays, aucun, n'aide davantage l'Arménie que notre pays, et vous le savez très bien. C'est vrai sur le plan diplomatique : toutes les réunions du Conseil de sécurité des Nations unies, toutes, sans exception, se sont tenues à l'initiative de la France. Et c'est également, je le disais, à l'initiative de la France qu'une mission d'observation est déployée en Arménie.

C'est vrai aussi sur le plan humanitaire. Mon ministère a déployé depuis le début de l'année plus de 5 millions d'euros en faveur de l'Arménie et des populations arméniennes du Haut-Karabakh, et j'ai décidé, au vu des événements des derniers jours, de porter cette aide beaucoup plus haut, avec 7 millions d'euros supplémentaires.

Nous avons également renforcé notre relation de défense avec l'Arménie, puisque vous me demandez des actes. Un attaché de défense sera présent à l'ambassade de France à Erevan. Et nous ouvrirons prochainement une antenne consulaire dans la région du Syunik, près de la frontière.

Ce sont des preuves tangibles, je crois, Madame la Députée, de la présence déterminée de la France aux côtés de l'Arménie.

L'abandon de l'Arménie par la Russie et la complicité même de la Russie avec les opérations militaires engagées par l'Azerbaïdjan rendent encore plus nécessaire une action diplomatique internationale. Aux côtés de la France, je souhaite que nous ayons l'Europe : plus encore, elle doit prendre acte de cette réalité, agir avec nous pour le respect de l'intégrité territoriale de l'Arménie et pour préserver le droit des Arméniens du Haut-Karabakh à vivre, s'ils le souhaitent, dans le respect de leur droit historique au Haut-Karabakh.

Voilà ce que nous faisons, Madame la Députée. Merci d'encourager la diplomatie française à le faire plus encore, pas seule, mais avec d'autres ; elle en a besoin. Je vous remercie./.

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