Nations unies - Intelligence artificielle - Intervention de M. Alexandre Olmedo, coordinateur politique de la représentation permanente de la France auprès des Nations unies - Réunion du Conseil de sécurité en Format Arria (New York, 19/12/2023)
Je remercie les Emirats arabes unis et l'Albanie d'avoir organisé cette réunion. J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les exposés des trois intervenantes.
L'intelligence artificielle est une révolution majeure de notre siècle et intéresse à ce titre les travaux du Conseil de sécurité. Nous avons d'ailleurs eu une réunion ministérielle sur ce sujet pendant la présidence britannique du Conseil de sécurité en juillet.
Une de ses incidences majeures est son usage possible à des fins de désinformation et de mésinformation, ou pour faciliter des campagnes d'influence et d'ingérence.
De telles campagnes sont utilisées pour manipuler l'opinion, éroder la confiance dans la démocratie, notamment à l'approche d'échéances électorales. En juin 2023, en France, nous avons dénoncé une campagne numérique de manipulation de l'information contre notre pays impliquant des acteurs russes et à laquelle ont participé des entités étatiques ou affiliées à l'Etat russe, qui ont amplifié de fausses informations.
Face à de telles opérations, l'alphabétisation numérique, la sensibilisation du public et la promotion de l'accès à une information de qualité nous semblent cruciales. L'intelligence artificielle peut nous aider à traiter cela, notamment en repérant des campagnes de désinformation et des discours de haine, qui peuvent être des signes précurseurs à des flambées de violence, et via l'aide à la modération des contenus.
Dans des contextes de conflits armés qui intéressent ce Conseil, l'intelligence artificielle peut également servir des tactiques de lutte informationnelle. On a ainsi assisté à de la production et à de la propagation de messages de propagande adaptés en fonction des populations visées au Mali, en République centrafricaine, et on le voit aussi en ce moment avec la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine.
Ces opérations peuvent aussi viser des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales. Face à un tel défi, la France veille, dans les mandats des opérations de maintien de la paix, à ce que les enjeux de désinformation et de mésinformation soient pris en compte, et nous appuyons financièrement le développement des stratégies de réponse des Nations unies. Nous appelons les plateformes numériques, lorsqu'elles servent de vecteur à des manipulations de l'information qui ciblent les opérations de maintien de la paix, à coopérer avec les Nations unies pour y faire obstacle.
Mesdames et Messieurs,
Comme l'observait le Secrétaire général dans sa note d'orientation du Nouvel Agenda pour la paix, l'intelligence artificielle crée à la fois des risques et des opportunités. Dès lors, il faut des stratégies, et concevoir une gouvernance, qui inscrivent le développement de l'intelligence artificielle dans le respect du droit international. Un tel développement doit selon nous être fondé sur une approche neutre et universaliste des droits de l'Homme, y compris s'agissant de l'exercice de la liberté d'expression sous toutes ses formes.
La France soutient une approche responsable et ancrée dans le respect du droit, du développement et de l'usage de l'intelligence artificielle. Au niveau de l'Union européenne, au Conseil de l'Europe, et à travers des initiatives comme le Partenariat mondial pour l'intelligence artificielle, la France milite pour que l'intelligence artificielle soit développée de manière conforme aux droits de l'homme et aux principes de l'Etat de droit. Nous accueillerons dans cette optique le prochain Sommet mondial sur l'intelligence artificielle dans un an.
En novembre 2023 à Paris, les 52 Etats du Partenariat pour l'information et la démocratie se sont engagés à promouvoir la recherche et l'échange de bonnes pratiques pour assurer la transparence, la surveillance et la responsabilité en matière d'utilisation des systèmes d'intelligence artificielle afin de prévenir la propagation de la désinformation et de discours de haine.
Mesdames et Messieurs,
La France, avec ce Partenariat et avec l'Union européenne, prendra toute sa part aux travaux du Sommet pour l'avenir sur un Pacte numérique mondial et un Code de conduite sur l'intégrité de l'information en ligne.
Je vous remercie./.
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