L'Express
Propos recueillis par Alix L'hospital
Publié le 24/07/2023 à 06:45
Keir Giles : "Il faut faire comprendre à la Russie que l’ère des empires en Europe est révolue"
Selon ce spécialiste de la Russie à la Chatham House, seule une victoire incontestable de l’Ukraine pourra garantir la sécurité future de l’Europe.
La défaite de la Russie amènera plus d’instabilité en Europe" ; "cela coûte trop cher, et l’Ouest a besoin de restaurer ses liens économiques avec la Russie" ; "l’Ukraine devrait céder des territoires en échange de la paix"… Au rythme des évolutions sur le champ de bataille, toutes sortes d’idées reçues se sont durablement installées dans le débat public concernant la meilleure "solution" à envisager pour mettre un terme à la guerre en Ukraine.
Dans un rapport de la prestigieuse Chatham House intitulé "How to end Russia’s war on Ukraine", dix des meilleurs connaisseurs de la Russie se sont penchés sur neuf idées communément admises comme étant des solutions rapides ou des objections au renforcement de l’aide à l’Ukraine, en les évaluant au regard de la réalité actuelle mais aussi de leurs conséquences à long terme. Les auteurs sont unanimes : selon eux, la seule issue à la guerre qui puisse sauvegarder la sécurité future de l’Europe est une victoire convaincante de l’Ukraine, "d’où la nécessité d’accroître le soutien militaire occidental à Kiev avant qu’il ne soit trop tard."
Pour L’Express, Keir Giles, senior consulting fellow du Programme Russie et Eurasie du think tank et l’un des co-auteurs de ce rapport, estime que "le retour sur investissement du soutien apporté à l’Ukraine est énorme". Le spécialiste regrette par ailleurs l’attitude de l’Otan, qui "fait comme si rien n’avait changé en matière de sécurité européenne au cours des quinze dernières années". Pis : "le sommet de Vilnius était un test de courage et d’imagination auquel l’Otan a échoué lamentablement." Entretien.
L’Express : Dans son rapport intitulé "How to end Russia’s war on Ukraine", la Chatham House juge qu'"un conflit prolongé ou gelé profite à la Russie et nuit à l’Ukraine, tout comme un cessez-le-feu ou un règlement négocié aux conditions de la Russie", et conclut que "l’Ukraine a besoin d’une aide militaire internationale beaucoup plus ambitieuse qu’elle n’en a reçu à ce jour". Sur quels arguments se fonde ce rapport ?
Keir Giles : Tout d’abord, le moment opportun pour apporter à l’Ukraine le soutien dont elle a besoin afin de gagner la guerre se situait il y a plusieurs mois. Si l’Ukraine éprouve tant de difficultés à vaincre la résistance russe, c’est parce qu’on lui demande de mener une guerre moderne sans les outils que n’importe quelle armée occidentale jugerait absolument essentiels pour ce faire.
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Les bailleurs de fonds occidentaux ont restreint leur soutien à l’Ukraine pour de mauvaises raisons. Tout d’abord, parce qu’ils ont pris au sérieux les menaces d’escalade
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