Thursday, December 11, 2025

Le Point -L'Editorial de Franz - Olivier Giesbert - İe 11 décembre 2025 - A l'ere des ochlocrates, la france est - elle foutue ?

 L'EDITORIAL - LE POINT

DE FRANZ-OLIVIER GIESBERT

Le Point 2785 | 11 décembre 2025 | 9

ILLUSTRATION : SYLVIE FAUR POUR « LE POINT »

À l’ère des ochlocrates, la France est-elle foutue?


Tous les freins ont lâché : nous ne savons pas où nous allons, mais nous y allons à fond la caisse. La faute, certes, à des décennies de gouvernements pleutres ou insouciants, mais aussi à nous autres, Français.

Après avoir tenté de faire croire au pays qu’il vivait en oligarchie (ou gouvernement des riches) sous Emmanuel Macron, nos mauvais génies oublient aujourd’hui de nous dire que, depuis la funeste dissolution et leur montée en puissance, nous vivons en ochlocratie, mot inventé sous la Grèce antique pour définir un système que Jean-Jacques 

Rousseau considérait comme une «dégénérescence de la démocratie»: quand le (bas) peuple détient le pouvoir.

Incarnations parlementaires de la populace, les ochlocrates donnent le ton. Après avoir été appelé à s’exprimer devant la commission économique de l’Assemblée nationale, l’excellent Philippe Aghion, Prix Nobel 2025 d’économie et homme de gauche, a tout dit quand il s’est déclaré «atterré par le niveau intellectuel et économique de certains députés qui ne comprennent absolument rien à l’économie», ajoutant qu’ils ne daignent même pas s’informer.

Là est peut-être le principal ressort du mal français à l’heure actuelle : après des années de gavage d’un brouet archéo-marxiste administré par l’Éducation nationale et beaucoup de grands médias sur fond de satanisation du capitalisme et des riches, les Français balancent souvent entre l’inculture et le délire économiques. D’où le rayonnement de zigomars engagés comme Thomas Piketty et Gabriel Zucman, obsédés par une explosion des inégalités qui, dans un pays aussi redistributif que la France, n’existe que dans leur imagination.

Observez les regards apitoyés ou méprisants que portent sur nous la plupart de nos partenaires européens, de l’Allemagne à l’Italie en passant par la Pologne. C’est que la gauche amère a gagné la bataille de la désinformation économique, notamment à propos des aides publiques, qui sont certes élevées (une cinquantaine de milliards au maximum), mais qui permettent de maintenir en vie des entreprises souventmassacrées par la fiscalité, avec un impôt sur la production cinq fois plus important chez nous qu’en Allemagne. C’est ainsi que la France est devenue le pays le plus désindustrialisé d’Europe avec la Grèce.

Comme si ce n’était pas assez, les élus de la République ont voulu finir le travail en s’attaquant notamment au pacte Dutreil, une loi qui assure notre souveraineté, donc le contrôle français des entreprises familiales lors de leur transmission. Écoutons Renaud Dutreil, son auteur: «Pernod Ricard est estimé à 52milliards. 

La famille devrait débourser 25 milliards pour garder le contrôle. 

Elle ne les a pas.» À la fin, ce qui s’est passé ces derniers temps à l’Assemblée nationale, à l’occasion du débat budgétaire, a montré l’ineptie crasse de notre classe politique de LFI au RN, à l’exception de quelques-uns chez LR. Alors que les clignotants sont souvent au rouge, les députésn’ont même pas eu l’idée de travailler au redressement qui s’impose. Au lieu de quoi, ils se sont livrés à un concours d’inepties fiscales et de basse démagogie.

L’antiparlementarisme a de beaux jours devant lui. En donnant la main à l’Assemblée nationale pour le budget, Sébastien Lecornu, conseillé par le président, qui ne songe qu’à durer, a piégé la classe politique en se piégeant lui-même. Jour après jour, avec, à la manœuvre, des socialistes maraboutés par LFI, elle a montré son incapacité de gouverner. Face à une situation financière dramatique, elle a choisi, par crétinisme ou panurgisme, de l’aggraver en augmentant à la fois les dépenses (déjà trop élevées) et les prélèvements obligatoires (depuis longtemps à un niveau absurde)!

Si l’on considère la richesse nationale comme un gâteau, la priorité devrait être de l’agrandir, pas de le retrécir, pour répondre au défi posé par la dérive de nos finances publiques. Il n’y a pas d’autres moyens si l’on veut éviter la catastrophe quand, en 2029, il faudra payer, selon les projections, une charge de la dette – les seuls intérêts à payer – d’un montant de 100 milliards d’euros. 

La France n’est pas foutue si, au lieu d’écouter ses Diafoirus d’extrême gauche, elle écoute ses vrais économistes, tels Philippe Aghion, Jean Tirole, Philippe Dessertine, etc. 

À propos des premiers, les fameux faux médecins du Malade imaginaire, Molière fait dire: «Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies.»

Molière, reviens, ils sont devenus fous! §

No comments:

Post a Comment