Wednesday, January 24, 2024

Fransa'nın yeni Dışişleri Bakanı Stéphane Séjourné'nin kordiplomatik'e hitabı - 19 Ocak 2024 "Le Réel est notre boussole"

 



Voeux au corps diplomatique - Discours de M. Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des affaires étrangères (Paris, 19/01/2024)

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Monseigneur, merci pour vos mots,

Madame la Directrice générale de l'UNESCO, chère Audrey,

Mesdames les Ambassadrices, Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs,

Quel honneur de m'adresser à vous, ce soir, et partager avec vous ma fierté d'être à la tête d'une diplomatie française engagée et, j'ose le dire, passionnée, déterminée à trouver les voies d'un monde plus apaisé.

Je suis ministre d'un ministère qui fait l'honneur de la France. Parce que les femmes et les hommes qui le composent travaillent d'arrache-pied pour que nous nous retrouvions, que nous nous comprenions mieux. Parce que les femmes et les hommes qui le composent se relaient jour et nuit pour que la diplomatie change la vie des gens. Parce que les femmes et les hommes qui le composent ont chevillée au corps l'idée que notre action compte et que le monde nous regarde.

Vous le savez bien, la France raffole des concepts et elle met un point d'honneur à le faire connaître. J'en ai souvent parlé avec le Président de la République, et je peux vous dire et vous confirmer, ce soir, que cela ne risque pas de changer, pour cette année. Mais soyez sûrs aussi que le réel est notre boussole. Le réel, c'est notre commun, ce sont nos vies, nos espoirs, nos conversations, notre planète aussi. Alors, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, le réel est votre horizon et votre raison d'agir.

Je sais combien les agents du ministère que j'ai l'honneur de diriger sont attachés au service public, en France et partout dans le monde. Ils épaulent nos concitoyens, ils conseillent dans la vie quotidienne nos concitoyens, les sortent parfois, d'ailleurs, de situations difficiles. Et je veux ici saluer leurs actions, actions exemplaires, notamment lors des crises - et je souhaite peut-être ici préciser et nommer la direction des Français à l'étranger et de l'administration consulaire qui oeuvre au nom d'une diplomatie concrète. Le monde entier en salue souvent l'efficacité et la force de frappe pendant les crises et pendant, également, le quotidien. Les agents de ce ministère contribuent, par leur action, à négocier les contours d'un monde vivable. Ils le font avec vous, avec vos collègues, avec vos capitales, dans les enceintes européennes et multilatérales. Ils le font au nom de nos valeurs et d'un ordre international garant de la paix et de la stabilité.

Je sais, Mesdames les Ambassadrices, Messieurs les Ambassadeurs, que vous oeuvrez avec la même ardeur pour vos concitoyens. Tâchons de les convaincre, encore davantage, que la diplomatie est à leur service. Trouvons ensemble les moyens de peser plus encore sur le destin de nos nations et de nos peuples. Nos échanges et nos rencontres n'ont, au fond, qu'un seul but : leur assurer la possibilité de vivre une vie décente, une vie libre, une vie sûre. Battons-nous collectivement pour la santé de la planète et pour la liberté et la sécurité du commerce. Il nous faut se mobiliser ensemble pour un monde porteur d'émancipation et d'opportunités, d'échanges et de progrès ; un monde qui protège nos populations, nos enfants, en particulier les plus vulnérables ; un monde qui défend l'égalité des droits entre les femmes et les hommes.

Je veux dire devant vous ce soir que la France poursuivra son engagement résolu en faveur de la diplomatie féministe - je l'ai dit aux agents à l'instant lors de mes voeux - au service des femmes et des filles. Elles souffrent encore, en France comme dans le monde, de destins brimés, empêchés. Cela doit changer, et mon ministère redoublera d'efforts pour y parvenir.

Et pour y parvenir, joignons nos forces, soyons créatifs, en bilatéral comme dans les enceintes multilatérales, mettons nos énergies en commun. Ma porte, en tout cas, vous sera toujours ouverte. Je souhaite étendre et entendre l'ensemble des idées de l'ensemble de vos capitales, lever parfois des blocages inutiles, oeuvrer très concrètement pour améliorer la vie de vos communautés et de vos diasporas. Je serai à votre écoute pour que nos travaux soient une diplomatie en acte.

La France a toujours été aux côtés de celles et ceux qui en ont besoin. Nous poursuivrons cette mission avec enthousiasme, avec détermination. La multiplication des crises rend cette tâche encore plus urgente. Dans un monde bousculé, qui perd ses repères, nous devons redoubler de vigilance et défendre les fondamentaux.

Depuis près de deux ans, la Russie piétine les principes garants de la stabilité du monde. La laisser gagner serait mettre en danger, pour des décennies à venir, la sécurité du continent européen, si chère à la France. Soutenir l'Ukraine sur les plans diplomatique, économique, humanitaire et militaire restera, aussi longtemps que nécessaire, une priorité absolue pour notre pays. La Russie ne peut compter sur notre lassitude. C'est un message fort et c'est un message prioritaire.

En décidant de l'ouverture des négociations d'adhésion à l'Union européenne, le Conseil européen de décembre a adressé un message d'espoir à l'Ukraine et au peuple ukrainien, mais aussi un signal de confiance. Je veux le dire ici à l'Ukraine : nous avons confiance dans l'avenir de ce pays martyrisé. L'Ukraine doit rester debout, libre et souveraine. Elle s'inscrit dans un avenir européen. Cette confiance, l'Ukraine a su la gagner. Le courage de ses soldats a permis de briser le blocus en mer Noire et fait reculer l'armée russe. La résilience de sa population - la population ukrainienne - a permis de mettre en oeuvre des réformes ambitieuses. Nous continuerons à accompagner ce chemin.

Laisser la Russie gagner, ce serait accepter que de telles violations du droit international se reproduisent ailleurs. L'agression russe est illégale et injustifiée. Elle menace d'entraîner avec elle l'ordre international que nous avons patiemment bâti depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Dans cet ordre, le droit prime sur la force. C'est pour cela qu'il faut soutenir l'Ukraine. C'est une bataille existentielle pour la France et pour l'Europe.

Je sais que certains de nos partenaires ont parfois des doutes sur ce sujet. La guerre en Ukraine serait une affaire d'Européens, une affaire occidentale. J'entends ces critiques, mais je les récuse. La Russie ne doit pas gagner cette guerre parce que ce serait la victoire de la force sur le droit. La Russie ne doit pas gagner cette guerre parce que ce serait le triomphe du chaos sur la paix. Quand nous aidons l'Ukraine à assurer la légitime défense de sa souveraineté et de son intégrité territoriale, nous défendons ces principes dans le monde entier. La France continuera partout à défendre la souveraineté des Etats et à protéger les peuples. C'est son engagement historique, sa voix, aussi, singulière, qu'évoquait le Président de la République lors de sa conférence de presse.

Depuis le 7 octobre et l'attaque atroce commise par le Hamas sur le sol d'Israël, le Proche-Orient est à nouveau déstabilisé. De trop nombreux civils perdent la vie depuis le premier jour. La France fait tout pour qu'un chemin vers la paix durable soit possible. Cela implique d'abord de lutter contre le terrorisme. La France a été touchée en plein coeur. Par son entreprise de terreur, le Hamas a tué 41 de nos compatriotes. Trois de nos ressortissants sont encore disparus ou retenus en otage. Mes pensées ce soir vont à leurs proches. Je veux le redire ici avec fermeté : tous les otages doivent être libérés immédiatement et sans condition. Le Hamas doit être mis hors d'état de nuire. Nous poursuivons notre action avec nos partenaires européens pour sanctionner ses membres. Nous continuerons aussi de marteler qu'un cessez-le-feu est absolument nécessaire à Gaza. La situation humanitaire des Gazaouis est tragique. Ils peuvent à peine se nourrir, se soigner, ils manquent de tout. Nous poursuivrons nos efforts pour venir en aide à cette population. La coordination avec l'ensemble de nos partenaires est essentielle pour y parvenir, nous la souhaitons toujours plus étroite. À ce jour, la France a livré plus de mille tonnes de fret humanitaire ; des médicaments sont actuellement en route vers Gaza, notre action est concrète. Nous n'abandonnerons pas les Gazaouis. Nous le faisons avec nos partenaires dans la région, à commencer par la Jordanie et l'Egypte, dont je salue le rôle.

Pour trouver un chemin vers une paix durable, nous devons promouvoir avec détermination et constance : la solution à deux Etats, c'est la seule voie possible pour la paix juste et durable au Proche-Orient. Seule solution crédible pour répondre aux aspirations légitimes des Israéliens comme des Palestiniens à la paix et à la sécurité. Pour notre part, nous disons clairement à Israël qu'il ne lui revient pas de décider où et comment les Palestiniens doivent vivre sur leurs terres. Et nous disons aussi que la violence contre les civils, notamment celle des colons, doit cesser. La France ne ménagera aucun effort pour empêcher une extension du conflit. Tous les acteurs régionaux doivent faire preuve de retenue.

Personne n'a intérêt à l'escalade, ni au Sud-Liban, ni ailleurs dans la région. La situation nous préoccupe, particulièrement en mer Rouge. La France condamne fermement les attaques menées par les Houthis. Elles mettent en péril la sécurité des navires commerciaux. Elles entravent notre liberté collective, celle qui permet de commercer en paix. C'est inacceptable. Cette liberté doit être garantie et nous prendrons les mesures qui s'imposent. Vous l'avez compris, la montée des tensions dans la région est extrêmement préoccupante, inquiétante. Dans ce monde au bord chaos, l'Iran se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins : un pas de plus et ce serait l'embrasement.

Dans le Sud-Caucase, nous continuerons notre soutien à l'Arménie. L'Arménie et l'Azerbaïdjan doivent trouver enfin la paix, une paix juste et durable fondée sur le respect du droit international et de l'intégrité territoriale des deux Etats. Les populations de cette région doivent pouvoir vivre dignement, elles doivent pouvoir vivre dans le respect de leur mémoire, de leur histoire et de leur culture.

De l'autre côté de l'Atlantique aussi, le monde est bousculé au coeur des tensions entre le Venezuela et le Guyana. Un différend territorial les principes de souveraineté et d'intégrité territoriale. La France a clairement exprimé son soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du Guyana et à un règlement pacifique de ce différend. En Amérique du Sud comme ailleurs, la Cour internationale de justice est compétente et elle a notre plein soutien.

Sur le continent africain, la France restera engagée pour aider à résoudre les crises Elle le fera en soutien aux organisations régionales africaines. Dans l'est de la République démocratique du Congo, la France est prête à aider les efforts de la région en faveur d'un processus de paix durable. Au Soudan, les populations civiles payent le tribut insupportable d'une crise qui dure maintenant depuis dix mois. Nous continuerons d'agir pour que les armes se taisent. Nous continuerons d'acheminer de l'aide humanitaire ; les populations civiles en ont cruellement besoin. Nous continuerons enfin à peser de tout notre poids pour relancer le processus de transition démocratique. Le peuple soudanais y a le droit.

La fracturation menace notre monde et notre diplomatie, et sur tous les fronts, les populations civiles, leur souveraineté et leurs droits. Pour agir au service de nos peuples, nous devons oeuvrer pour bâtir un monde vivable. C'est une des priorités du Gouvernement et du Président de la République. Car quel est le sens de l'action diplomatique si nous manquons le défi du climat ? L'année 2023 a battu le plus effrayant des records : il n'a jamais fait aussi chaud à la surface de la planète. Quant aux forêts et aux océans, ces grands puits de carbone, ils n'ont jamais été aussi menacés. La France a signé des partenariats pour protéger les forêts avec plusieurs pays, comme le Congo ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Nous continuerons à mener cette bataille, par exemple en 2025, en accueillant la conférence de Nice sur les océans.

Notre diplomatie agit, nous continuons d'inventer ensemble des solutions efficaces et adaptées. Je veux le dire très directement, notre pays montre l'exemple, il peut en être fier. Notre mix énergétique est très largement décarboné. Nous avons joué un rôle très important pour obtenir des résultats à Dubaï lors de la COP28, pour dessiner enfin la sortie des énergies fossiles, du charbon ainsi que du pétrole, pour aller vers un doublement des énergies renouvelables. La France est aussi exemplaire pour lutter contre le changement climatique dans les pays en développement, en y contribuant à hauteur de 7,6 milliards d'euros. C'est sur ce terrain aussi que se jouent le combat contre la fracturation du mode, le combat environnemental et celui de la solidarité entre les peuples. Certains voudraient dresser entre le Nord et le Sud des frontières artificielles. Mais regardons les faits : la France invente de nouveaux modèles de partenariat. Elle rend possible de nouvelles alliances, destinées à agir concrètement contre les menaces globales qui pèsent sur le monde. Le Président de la République a ainsi pris l'initiative du Sommet des 22 et 23 juin 2023 et nous continuerons de promouvoir le 4P. Ce dernier n'est pas une marque française mais un accélérateur des financements publics-privés, et des réductions de dettes. Celles-ci deviennent insoutenables pour beaucoup de nos partenaires du Sud. Nous le savons et nous agissons.

La France ne s'arrête pas là et ne s'arrêtera pas là. Après le traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine, les accords sur la biodiversité, avec la pollution plastique, la nutrition, l'accès à l'eau, notre diplomatie s'attèlera encore cette année à améliorer la vie quotidienne des gens. Le sommet que nous organiserons à New York avec le Kazakhstan en septembre prochain sera un rendez-vous très important sur ces sujets. Nous achèverons en 2024 d'élaborer notre stratégie climat. Notre détermination sur ce point est totale.

Nous avons subi collectivement l'effet terrible de la pandémie du Covid-19. Nous devons en tirer également les leçons, avec lucidité, et nous doter de nouvelles règles collectives, je pense notamment au traité sur les pandémies. Il en va de la santé de nos concitoyens. Ce sera également un travail important de notre diplomatie. Je sais que ce traité est en discussion actuellement à Genève.

Pour réduire les inégalités, la France continue à aider ses partenaires en développement. Notre effort est constant depuis 2017 et nous sommes désormais le quatrième contributeur mondial à l'aide au développement. Je souhaitais le noter ici et cela fera probablement l'objet d'un certain nombre de discussions entre nous.

Vous savez que les déplacements du Président de la République dans le Pacifique, au Sri Lanka, en Mongolie ou encore au Bangladesh, les déplacements de Mme Colonna en Inde, en Australie, en Corée, au Japon, nous ont permis de rappeler ce fait : notre approche est singulière et notre engagement dans la région se renforce au profit de nos territoires et de nos partenaires.

Il en va de même dans les pays africains, qui doivent d'ailleurs jouer un rôle encore plus important dans la gestion des grands enjeux mondiaux. L'Union africaine a intégré le G20 cette année. Une première, et une belle victoire. Nous allons, et nous irons probablement plus loin, au Conseil de sécurité des Nations unies, et plus largement dans les réformes de la gouvernance mondiale. Enfin, nos efforts diplomatiques permettent de soutenir en particulier le dynamisme des sociétés civiles, des créateurs et des entrepreneurs sur le continent. Là encore, une diplomatie porteuse d'opportunités et de progrès. Nos diasporas franco-africaines sont aussi une chance pour renouveler nos relations, dans un esprit gagnant-gagnant, conscient d'ailleurs de la complexité du passé, mais résolument tourné vers l'avenir.

Je voudrais, pour terminer, ici, formuler quelques voeux pour l'avenir - au moment où Jacques Delors et Wolfgang Schäuble nous ont quittés, il y a peu de temps - aux Européens, dont je suis. Ils laissent un héritage et une oeuvre politique ainsi que beaucoup de promesses. En février 2022, l'Union européenne a pris la mesure du séisme géostratégique provoqué par l'agression russe lancée contre l'Ukraine. Celle-ci laissera des traces durables sur le continent. Nous devons ensemble convaincre davantage de concitoyens du tournant géopolitique pris par l'Union européenne. Nous avons pour tâche de leur garantir qu'ils pourront continuer à vivre en paix et en sécurité. Cela veut dire : renforcer nos frontières, investir en commun et devenir plus autonomes aussi dans le monde ; l'Europe puissance, c'est une Europe forte qui protège nos concitoyens et nos citoyens, c'est une Europe qui, au nom de son idéal, se préoccupe du réel. La diplomatie en Europe, c'est la maîtrise des prix de l'énergie, la régulation des géants du numérique, la protection de l'enfance, le contrôle des flux migratoires, l'investissement dans l'avenir pour les générations futures aussi. Dans le monde en crise et dans un monde confus, risqué, l'Europe est une promesse de solidité et de confiance. C'est l'idéal et le réel à la fois. Je pense que Jacques Delors s'y retrouverait bien.

Mesdames et Messieurs, la France fera rayonner toutes ses valeurs en 2024, en organisant les Jeux olympiques et paralympiques, vous l'avez mentionné, Monseigneur, des jeux ouverts. Vous pouvez compter en tout cas sur mon engagement et celui de l'ensemble des services de l'Etat pour accueillir au mieux vos chefs d'Etat et de gouvernement, les délégations de vos pays, ainsi que les concitoyens qui souhaiteront assister à ces épreuves sportives. Nous oeuvrons également avec vous pour accueillir les commémorations du Débarquement, le Sommet de la francophonie. La France sera en 2024 l'endroit où le monde se retrouve. J'espère que le monde se retrouvera à cette occasion, enfin, dans un esprit de fraternité. Il doit nous guider et, ne serait-ce qu'un moment, permettre d'oublier ces crises.

Mesdames et Messieurs, je vous présente donc pour 2024 mes meilleurs voeux d'action et d'engagement. Je souhaite que nous puissions partager nos outils et mettre évidemment en commun nos forces pour continuer à changer la vie des peuples et préserver la paix et la stabilité dans le monde. C'est notre devoir et c'est notre conviction profonde, la conviction profonde de la France. Je vous remercie./.

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