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Guerre en Ukraine : la semaine où Donald Trump et Vladimir Poutine ont pris l’Europe en étau
Grand récit. L’indignation des capitales européennes ne pèse pas grand-chose contre la volonté du président américain de négocier directement la fin de la guerre en Ukraine avec son homologue russe. La fin d’un monde.
Par Charles Haquet, Charlotte Lalanne et Cyrille Pluyette
Publié le 18/02/2025 à 17:31
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Si le plan de Donald Trump paraît encore bien flou, celui de Vladimir Poutine est limpide : vassaliser l’Ukraine, lui interdire à jamais l’entrée dans l’Otan, pour la rendre inoffensive ; et obtenir un recul de l’Alliance atlantique à ses frontières.
Rob Dobi
Moscou, 9 novembre 2016. En pleine séance parlementaire, Viatcheslav Nikonov, député à la Douma, prend soudain la parole et annonce, sourire aux lèvres, la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Tonnerre d’applaudissements. Dans la capitale russe, on le sait depuis longtemps : Donald Trump est le meilleur allié de Vladimir Poutine. Visé par des sanctions occidentales depuis son annexion de la Crimée deux ans plus tôt, le chef du Kremlin, qui a multiplié les ingérences dans l’élection américaine pour faire élire l’ex-roi de l’immobilier new-yorkais, savoure le moment. Qui pourrait mieux servir ses intérêts que ce trublion égomaniaque qui veut dévitaliser l’Otan, affaiblir l’Union européenne… et apaiser les tensions avec Moscou ?
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Ce que Poutine ne savait pas à l’époque, c’est qu’il lui faudrait attendre huit ans, et la réélection d’un Trump débarrassé de tout contre-pouvoir, pour que les étoiles s’alignent complètement en sa faveur. Signe des temps : après l’annonce par le 47e président des Etats-Unis de discussions "immédiates" avec son homologue Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine, le 12 février, la bourse moscovite bondissait de 5,8 %. Tout le monde l’a bien compris - avec bonheur en Russie, et effroi en Ukraine et dans nombre de capitales européennes : l’agenda de Trump 2 est compatible avec celui de Poutine.
A commencer par la méthode : traiter directement du sort de l’Ukraine et de la sécurité future de l’Europe en tête-à-tête, sans les principaux intéressés. "Trump veut faire un deal dans le dos des Ukrainiens. Leur pays va subir le même sort que la Tchécoslovaquie à la conférence de Munich en 1938 [NDLR : qui acte la cession des Sudètes à l’Allemagne nazie]", s’inquiète Jacob Heilbrunn, directeur de la revue de géopolitique The National Interest, à Washington. Les Ukrainiens auront-ils leur mot à dire ? Les Européens, eux, ne seront en tout cas pas admis à la table des négociations, confirment les émissaires de Trump à Munich, lors d’une conférence sur la sécurité glaçante, qui restera dans les mémoires comme un moment de bascule. Le Vieux Continent a pris conscience que l’Amérique n’était plus son allié inconditionnel. Pis, qu’elle se désolidarisait de son avenir.
"Trump est indifférent au sort de l’Ukraine et de l’Europe"
Il aura fallu cette semaine de cauchemar, durant laquelle les Vingt-Sept ont appris, sidérés, par la bouche du vice-président J.D. Vance, que les Américains les considéraient désormais - davantage que la Russie et la Chine - comme une menace pour la démocratie, pour qu’ils ressentent enfin ce danger existentiel : être balayés de leur propre histoire. "Nous ne soutiendrons....
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