Nations unies - Lutte contre le terrorisme - Intervention de Mme Nathalie Broadhurst, représentante permanente adjointe de la France auprès des Nations unies, au Conseil de sécurité (New York, 08/08/2024)
Monsieur le Président,
Je remercie le Secrétaire général adjoint Vladimir Voronkov et la Directrice générale Natalia Gherman pour leurs présentations.
Le terrorisme demeure l'une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité internationales. Cette menace ne cesse d'évoluer et de tirer parti des vulnérabilités créées par les conflits, par les crises politiques et humanitaires, et par le changement climatique.
La menace terroriste se maintient à un niveau alarmant en Afrique de l'Ouest et au Sahel. Al-Qaïda y reste particulièrement implanté, au travers du "JNIM", sa filiale sahélienne, de même que Daech, qui intensifie ses opérations et continue d'étendre ses réseaux. L'activité de ces groupes met en péril la sécurité des populations civiles, aggrave l'instabilité de la région et compromet les perspectives de développement de celle-ci.
Je n'oublie pas les autres régions du monde, où la menace terroriste demeure élevée, notamment en Asie centrale où la croissance de l'Etat islamique au Khorasan représente un défi sécuritaire majeur.
Les groupes terroristes tels que Daech continuent en outre d'instrumentaliser internet et les réseaux sociaux, pour accroître la résonance de leurs attaques, pour diffuser une propagande fondée sur la désinformation, et pour attirer de nouvelles recrues.
Monsieur le Président,
Seule une action globale et coordonnée de la communauté internationale permettra de répondre de façon efficace et durable au fléau du terrorisme.
L'emploi de la force peut être nécessaire pour contrer les groupes terroristes. La France, dont les militaires se sont battus pour faire reculer le terrorisme, salue l'action des soldats africains qui sont engagés sur le continent dans des initiatives régionales de lutte contre le terrorisme. La France et l'Union européenne continuent de soutenir ces efforts, notamment en apportant un appui à la Force multinationale mixte (FMM), créée par les Etats du bassin du lac Tchad pour combattre l'expansion de Boko Haram, et désormais celle de Daech. Mais les solutions exclusivement militaires ne sauraient suffire.
Nos efforts de lutte contre le terrorisme doivent suivre une approche holistique, permettant de traiter l'ensemble des causes de la menace. Il importe de placer au coeur de cette approche la préservation des droits et des libertés fondamentaux, le renforcement des structures de gouvernance et de l'Etat de droit, la résilience des communautés les plus vulnérables, ainsi que la lutte contre la désinformation et la diffusion de contenus extrémistes.
Nous devons développer des partenariats qui soient fondés sur le dialogue visant à répondre aux besoins exprimés par les Etats et les populations affectés par le terrorisme. À cette fin, la Côte d'Ivoire et la France ont mis en place une Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), visant à renforcer les capacités des pays de la région, non seulement dans le domaine opérationnel, mais aussi en matière d'analyse de la menace et de traitement judiciaire.
Les prétendues réponses sécuritaires proposées par certaines sociétés militaires privées vont à l'encontre de cette approche intégrée, respectueuse des partenaires et des populations. Leurs pratiques aggravent l'instabilité et nourrissent le terrorisme par leurs violations des droits de l'Homme.
Je ne peux à cette occasion répondre à toutes les accusations sans fondement de la Russie mais je me contenterai de rappeler que les solutions proposées par la Fédération de Russie ne sont pas de nature à améliorer la protection des populations civiles au Sahel. Quant à ses accusations sur l'Ukraine, elles sortent complètement du thème proposé par la Présidence aujourd'hui. Nous avons déjà eu de multiples occasions, et nous en aurons d'autres, de démentir les propos portés par mon collègue russe lors de réunions portant sur l'agression illégale de l'Ukraine par la Fédération de Russie.
Enfin, la France réitère son appui aux Nations unies, qui apportent une contribution essentielle à la lutte contre le terrorisme. Nous entendons continuer à soutenir les actions de formation et de renforcement capacitaire menées par le Bureau de lutte contre le terrorisme, en lien avec les organisations régionales, au bénéfice des pays d'Afrique de l'Ouest.
La France réitère son attachement aux résolutions adoptées par le Conseil de sécurité pour lutter contre le terrorisme dans tous ses aspects, y compris en tarissant ses sources de financement. Nous saluons l'adoption récente de la résolution 2734, qui a permis de renouveler le mandat de l'équipe de surveillance du régime 1267, et qui permet désormais de prendre en compte les violences sexuelles et fondées sur le genre dans les demandes d'inscription sur la liste des sanctions.
Je vous remercie./.
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