Chine : Xi Jinping ouvre le XXe Congrès du Parti communiste en défendant sa stratégie zéro Covid
Quelque 2 300 délégués du PCC sont réunis à Pékin, où le président chinois et secrétaire général du parti est assuré d’être reconduit dans ses fonctions. En ouverture, il a fermement défendu sa politique draconienne de lutte contre le Covid-19.
Le Monde avec AFP
Publié aujourd’hui à 05h12, mis à jour à 09h52
Temps deLecture 3 min.
Le président chinois, Xi Jinping, arrive à la cérémonie d’ouverture du XXe Congrès du Parti communiste, au Palais du peuple, à Pékin, le 16 octobre 2022. MARK SCHIEFELBEIN / AP
La voie reste immuablement tracée. Un troisième mandat de cinq ans attend Xi Jinping à la tête du Parti communiste chinois (PCC), et donc du pays, au terme du congrès quinquennal qui s’est officiellement ouvert dimanche 16 octobre au matin, au Palais du peuple, immense bâtiment à l’architecture stalinienne situé sur la place Tiananmen, à Pékin.
L’annonce, qui devrait avoir lieu le 23 octobre, au lendemain de la clôture du XXe congrès du PCC, fera de Xi Jinping, au pouvoir depuis 2012, le dirigeant le plus puissant depuis le fondateur du régime, Mao Zedong (1949-1976).
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Le XXe congrès du PCC intervient « à un moment critique où l’ensemble du Parti et le peuple de toutes les ethnies sont engagés sur la voie de la construction d’un pays socialiste moderne », a affirmé M. Xi dans son discours d’ouverture.
Arrivé à la tribune sous un tonnerre d’applaudissements, Xi Jinping, 69 ans, a commencé à dresser le bilan des cinq dernières années et à livrer sa feuille de route des cinq prochaines.
Covid-19 : la Chine a « protégé au plus haut point la sécurité et la santé du peuple »
Surtout, alors que l’une des principales interrogations tourne autour du maintien ou non des strictes mesures sanitaires pour lutter contre la pandémie de coronavirus – la stratégie zéro Covid indissociable du président chinois –, M. Xi a affirmé que la Chine avait privilégié les vies humaines avant tout.
La Chine a « protégé au plus haut point la sécurité et la santé du peuple et a atteint des résultats positifs significatifs en coordonnant la prévention et le contrôle de l’épidémie avec le développement économique et social », a-t-il estimé.
Le président Xi Jinping prononce son discours devant près de 2 300 délégués du Parti communiste chinois, à Pékin, le 16 octobre 2022. MARK SCHIEFELBEIN / AP
Cette politique zéro Covid a renforcé le contrôle social sur les citoyens, dont tous les déplacements sont désormais enregistrés informatiquement, dans ce pays déjà critiqué sur la scène internationale pour des violations des droits de l’homme. La quasi-fermeture du pays vis-à-vis du reste du monde et les confinements à répétition ont toutefois mis un coup d’arrêt à la croissance, qui devrait, cette année, être la plus faible en quatre décennies, hors période de Covid-19.
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Taïwan : « Nous ne renoncerons jamais au recours à la force »
Il a fustigé les « forces extérieures » se mêlant de Taïwan, île que le régime chinois considère comme faisant partie de son territoire. « Nous œuvrerons avec la plus grande sincérité et les plus grands efforts pour une réunification pacifique [de Taïwan], mais nous ne renoncerons jamais au recours à la force et nous nous réservons la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires », a-t-il déclaré.
« La résolution de la question de Taïwan est l’affaire du peuple chinois lui-même et [elle] doit être résolue par le peuple chinois seul », a-t-il martelé. « La réunification de la patrie doit être réalisée et sera réalisée », a-t-il ajouté, condamnant tout « séparatisme et ingérence » étrangère dans cette affaire.
Il a également estimé que Hongkong était passé « du chaos à la gouvernance » après la sévère reprise en main par Pékin du territoire, où d’immenses manifestations prodémocratie avaient eu lieu en 2019.
« Victoire écrasante » de la lutte contre la corruption
Dans son discours, Xi Jinping a également défendu sa redoutable campagne anticorruption, en réponse aux critiques qui l’accusent de l’avoir utilisée pour faire tomber ses rivaux et consolider son pouvoir. « La lutte contre la corruption a remporté une victoire écrasante et a été consolidée de manière exhaustive, éliminant les graves dangers latents au sein du PCC, de l’Etat et de l’armée », s’est-il félicité.
Selon des chiffres officiels, au moins 1,5 million de personnes ont été sanctionnées lors de cette campagne, entamée par M. Xi dès son arrivée au pouvoir pour faire tomber les « tigres » (hauts dirigeants) et les « mouches » (petits fonctionnaires) avides de pots-de-vin. L’offensive s’est accélérée à l’approche du Congrès.
Climat : « Nous participerons activement à la gouvernance mondiale »
Le président chinois, Xi Jinping, a assuré que son pays, l’un des plus gros pollueurs de la planète, poursuivrait ses efforts contre le réchauffement climatique.
« Nous participerons activement à la gouvernance mondiale sur le changement climatique », a affirmé le dirigeant lors d’un discours au congrès du Parti communiste à Pékin, tout en s’engageant à « renforcer l’utilisation propre et efficace du charbon ».
Une mainmise imposée au fil des ans
Les quelque 2 296 délégués du PCC, venus de toutes les provinces, et, pour certains, vêtus de leurs tenues traditionnelles, vont, d’ici à samedi prochain, désigner le nouveau comité central, sorte de Parlement du parti avec quelque 200 membres, dont le bureau politique et ses vingt-cinq têtes est l’instance de décision.
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En réalité, ils ne feront que valider des décisions prises en amont par les différentes sensibilités du PCC : c’est d’ailleurs ainsi que Xi Jinping était arrivé au pouvoir en 2012, choisi comme un homme de compromis entre les factions avant d’imposer sa mainmise au fil des ans.
Un point crucial sera la composition du futur comité permanent, ce groupe de sept ou neuf personnalités au plus haut sommet du pouvoir. Xi ne devrait pas y laisser place à un possible successeur, car « il n’a pas envie d’avoir quelqu’un qui lui souffle dans le cou », estime le chercheur Jean-Pierre Cabestan, basé à Hongkong et associé au cercle de réflexion français Asia Centre.
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Le Monde avec AFP
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