En Turquie, la colère monte contre les réfugiés syriens
Alors que le président Erdogan a annoncé le "retour volontaire" d'un million de réfugiés syriens dans leur pays, cette population fait office de bouc émissaire, en pleine crise économique. L'opposition souffle sur les braises.
Durée : 4 min
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé un vaste projet pour réinstaller un million de réfugiés syriens.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé un vaste projet pour réinstaller un million de réfugiés syriens.
afp.com/Adem ALTAN
Nous sommes en 2043. Citoyens de seconde zone, les Turcs sont cantonnés à des postes subalternes par leurs patrons syriens ; on les oblige à parler arabe et ils sont malmenés dans les rues. L'invasion silencieuse, court métrage sorti le 3 mai sur les réseaux sociaux et visionné par des millions de personnes, a enflammé l'Internet turc. L'auteur, qui agite le spectre d'une sorte de théorie du "grand remplacement" à la sauce turque, est Ümit Özdag, le chef d'une nouvelle formation d'extrême droite, le parti de la Victoire (Zafer).
"C'est un parti ultraminoritaire, mais qui sait bien manier les codes des réseaux sociaux et a un fort impact en ligne", explique Didem Danis, sociologue au sein de l'université Galatasaray, à Istanbul, et directrice de l'association d'étude sur les migrations. Au-delà de ce groupuscule, le rejet des réfugiés fait quasiment l'unanimité au sein de l'opposition : de l'IYI Parti (droite dure) au CHP, le principal parti, dont le dirigeant clame à l'envi qu'il "reconduira tous les Syriens chez eux dans les deux ans" en cas de victoire de son camp à l'élection présidentielle de 2023. Le sujet pourrait faire basculer les électeurs indécis. Selon un récent sondage, 79 % des personnes interrogées considèrent qu'il faudrait renvoyer les Syriens, et 20,6 % ne se prononcent pas.
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A Istanbul, où réside environ 1 million des 3,7 millions de réfugiés syriens officiellement enregistrés, le quartier populaire et conservateur de Fatih est devenu l'un de leurs points de ralliement. Ils ne sont pas vraiment les bienvenus. Kubra et Aysu, deux soeurs turques de 35 et 38 ans, y ont leur salon de coiffure. "J'ai des clientes russes, égyptiennes, mais je ne laisserai jamais une Syrienne
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